Alors que la corticothérapie n’est généralement pas le traitement recommandé en première intention, ou seulement dans les poussées sévères, l’association World lupus federation relève une importante utilisation de corticoïdes oraux chez les patients, avec l’apparition d’effets indésirables conséquents.
À l’occasion de la Journée mondiale du lupus le 10 mai, l’association de patients World lupus federation pointe l’utilisation largement répandue des corticostéroïdes chez les patients, selon les résultats d’une enquête menée sur 7 700 participants dans plus de 100 pays. En effet, 9 patients interrogés sur 10 (91 %) utilisaient ou avaient utilisé des corticoïdes oraux pour traiter leur lupus, dont 75 % pendant plus d'un an, et 27 % pendant plus de dix ans.
Pourtant, selon les recommandations françaises, la corticothérapie n’est pas indiquée en traitement de fond initial du lupus systémique de l’adulte et de l’enfant, qui repose d’abord sur l’hydroxychloroquine, parfois associée à un immunosuppresseur. De faibles doses de corticoïdes (5 à 10 mg/j de prednisone) peuvent cependant être maintenues au long cours lorsqu’une corticothérapie a été instaurée à l’occasion d’une poussée. C’est dans les poussées que les corticoïdes sont cependant les plus couramment utilisés pour traiter certaines formes aiguës de lupus érythémateux disséminé (atteintes rénales, neurologiques, cardiaques). Ils sont prescrits à une dose élevée et progressivement diminuée jusqu’à une dose minimale, voire jusqu'à l’arrêt en cas de rémission. Dans son enquête, la World lupus federation a constaté que 43 % des répondants déclaraient prendre des doses supérieures aux recommandations du traitement d’entretien. Près de 6 patients sur 10 (58 %) ont rapporté prendre des doses maximales journalières de 30 mg ou plus.
Cette utilisation des corticoïdes oraux au long cours et/ou à haute dose s’accompagne d’effets indésirables, parfois graves comme l’apparition d’un diabète, de pathologies cardiaques, d'insuffisance d'organe, d'ostéoporose ou de troubles de la vision, relevés chez 60 % des répondants. Ce pourcentage passe à 70 % chez ceux ayant pris des corticoïdes pendant plus de cinq ans, rapporte encore la World lupus federation. Plus globalement, les patients sous corticoïdes rapportent en moyenne 6 effets secondaires sur une liste de 19 effets potentiels. Parmi les plus fréquents sont cités la prise de poids (77 %), les changements d'humeur (54 %), les changements physiques (53 %) et l'insomnie (52 %). « Ces résultats d'enquête confirment à quel point les personnes atteintes de lupus sont dépendantes des corticostéroïdes, y compris sur de longues périodes, et soulignent le besoin urgent de disposer de davantage de traitements contre le lupus qui ne présentent pas d'effets secondaires aussi importants », regrette le Pr Susan Manzi, directrice médicale de la Lupus foundation of America.
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