La sérophobie n'a pas totalement disparu, alerte l'association Aides, qui publie un sondage montrant notamment que 16 % des Français se sentent mal à l’aise à l’idée de côtoyer une personne séropositive.
Le risque d’être contaminé par le VIH est-il important ? Une personne sous antirétroviraux VIH est-elle contaminante ? Afin de mieux connaître la perception de la séropositivité par les Français, Aides, association de lutte contre le sida et les hépatites, a mené une enquête IFOP, en juin, auprès d'un échantillon de 1 500 personnes.
Ce sondage montre tout d’abord que la proportion de Français considérant que « les risques d'être contaminé par le virus du sida ne sont pas importants » a augmenté : elle est passée de 14% en 1988 à 40 % aujourd’hui. Les moins de 25 ans sont même une majorité (51 %) à considérer que ces risques sont désormais faibles.
Toutefois, cette moindre crainte du VIH va de pair avec une mauvaise connaissance du sujet. Ainsi, les trois quarts des Français interrogés (77 %) pensent à tort que l'on peut être contaminé par le virus du sida lors d'un rapport sexuel non protégé avec une personne séropositive sous traitement. Or on sait aujourd'hui qu'une personne séropositive sous antirétroviraux et qui a une charge virale indétectable ne transmet pas le virus à ses partenaires même lors d'un rapport sexuel sans préservatif.
Par ailleurs, si 91 % de Français continueraient de voir un de leurs amis s'ils apprenaient sa séropositivité, cette bienveillance s'arrête lorsque la relation est plus intime : moins de la moitié des Français (46 %) continueraient de fréquenter une personne avec laquelle ils avaient des relations sexuelles s'ils apprenaient sa séropositivité. Et 16 % des Français se disent encore aujourd'hui être mal à l'aise à l’idée de côtoyer une personne séropositive, selon cette enquête. Les Français ont d'ailleurs conscience, à 78 %, que les personnes séropositives sont victimes de discriminations.
À l’extrême, une minorité de la population estime que les personnes séropositives ainsi que celles au stade du sida sont à exclure de la société : 11 % des sondés sont favorables à l’isolement des malades du sida (contre 23% en 1988) et 8 % à celui des personnes séropositives.
Pour Camille Spire, présidente d’Aides, l’attitude des Français a un impact non négligeable en ce qui concerne le dépistage de la maladie : « La peur de se découvrir séropositif, alimentée par la sérophobie, est un frein important au dépistage, regrette-t-elle, citée dans un communiqué. Pourtant, cet outil de prévention permet une mise sous traitement efficace, empêchant d’atteindre le stade sida et de transmettre le virus. »
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