On estime que la prévalence de la myocardite se situe entre 10 et 106 cas pour 100 000 personnes dans le monde. Les différentes données de la pharmacovigilance font quant à elles état de 2,1 cas de myocardite post-vaccinale toutes les 100 000 vaccinations. « On ne sait pas très bien pourquoi certaines personnes font des myocardites et pas d'autres, mais on sait qu'il y a d'importantes prédispositions génétiques encore mal comprises, bien qu'il semble que le système HLA soit impliqué », explique le Dr Iyad Abou Saleh, interne en médecine cardiovasculaire aux Hospices civils de Lyon et premier auteur de l'étude. C'est pour cette raison que l'équipe lyonnaise s'est intéressée aux patients ayant des antécédents de myocardite, considérant qu'ils étaient le plus à risque de développer ce genre de complication post-vaccinale.
Des patients jeunes et inquiets
Ils ont donc contacté par téléphone 142 patients suivis aux HCL ayant souffert d'une myocardite aiguë entre janvier 2016 et juin 2021. Il leur a été demandé s'ils s'étaient vaccinés et s'ils avaient eu des effets secondaires. Les patients interrogés étaient jeunes (31 ans en moyenne), et 20 % étaient des femmes. « Dans ce public jeune et bien informé, nous avons constaté de vraies craintes vis-à-vis de la vaccination, explique le Dr Abou Saleh. Dans certains cas, leur médecin généraliste leur avait même conseillé d'attendre un peu avant de se vacciner. »
Sur les 71 patients dont le statut vaccinal a pu être renseigné, 55 étaient vaccinés (dont 43 avec 2 doses). Dans 75 % des cas, les non-vaccinés évoquaient la crainte d'une récidive de myocardite. Le principal vaccin employé dans cette population était le vaccin ARNm Comirnaty de Pfizer (96,4 % des patients vaccinés). Aucun effet secondaire sérieux n'était à déplorer dans la population de l'étude.
L'étude en elle-même dispose d'une faible puissance statistique, mais elle s'inscrit dans un ensemble de données publiées en faveur d'une innocuité de la vaccination dans ces populations à risque. « Le message clé, pour les médecins généralistes, c'est de dire qu'il s'agit de résultats rassurants vis-à-vis des patients, résume le Dr Abou Saleh. Il faut bien expliquer que la myocardite virale et la myocardite post-vaccinale se basent sur des mécanismes physiologiques différents. Avec un vaccin ARNm, il n'y a pas de virus proprement dit, et donc pas de destruction cellulaire secondaire. Il y a aussi, après la vaccination, un état d'hyperstimulation immunitaire qui est très différent de la tempête cytokinique qu'on observe après un Covid. »
Selon les données de la littérature rassemblées par le Dr Abou Saleh, les chances de survie après une myocardite post-Covid-19 sont de l'ordre de 80 %, et celles après une myocardite post-vaccinale sont de l'ordre de 95 %. « Par ailleurs, le risque de myocardite est 1 000 fois inférieur après un vaccin qu'après un Covid », complète-t-il.
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