Il n’y a pas que le Covid-19 et la grippe.
Les pneumonies à pneumocoques aussi sont des infections respiratoires graves et font des ravages. Pas seulement dans les pays en voie de développement où les systèmes de santé restent fragiles mais aussi en France où l’on dénombre chaque année des milliers de décès, avec un pic en hiver, en majeure partie chez les seniors. De plus, le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) peut être à l’origine de surinfections bactériennes de l’infection grippale. La grippe rend en effet plus vulnérable à certaines infections et augmente en particulier le risque de pneumonies bactériennes secondaires, potentiellement très graves, et Streptococcus pneumoniae est l’un des agents de co-infection les plus fréquents : on le retrouve chez plus de 35 % des patients hospitalisés pour cause de grippe. Entre grippe et pneumocoque, le bilan est lourd : 1,2 million de décès dans le monde, le pneumocoque étant la principale cause de mortalité.
Les personnes âgées de 65 ans et plus et/ou fragilisées par une ou plusieurs maladies chroniques courent davantage de risques de contracter une infection à pneumocoque. De même que les personnes immunodéprimées. Différentes études montrent que ce risque est multiplié par 4 en cas de diabète, de BPCO ou de maladie cardiaque et que, lorsque l’âge vient s’ajouter aux comorbidités, le risque de décès augmente davantage.
Des seniors incohérents
Alors qu’elles sont tout aussi mortelles que la grippe, on parle peu, en France, des infections à pneumocoques et de leurs conséquences. « Pneumonie, pneumopathie, sinusite ou otite, tout le monde ou presque connaît ces termes mais qui sait, en revanche, que le principal responsable de ces infections, parfois graves, est le pneumocoque ? », constate le Pr François Bricaire, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Une étude IFOP*, réalisée en juillet dernier sur un millier de personnes âgées de 60 à 75 ans, confirme un cruel manque d’information chez cette population, pourtant à risque. 60 % des répondants déclarent en effet mal connaître ces maladies infectieuses voire ne pas les connaître du tout. Malgré cette méconnaissance, les infections à pneumocoques sont perçues comme sévères par 9 répondants sur 10 - les plus souvent citées étant la pneumonie et la méningite - et 36 % des personnes interrogées citent spontanément la vaccination pneumococcique comme principal moyen de prévention, devant les gestes barrières (12 %), l’hygiène corporelle (11 %) et la surveillance médicale (2 %). 79 % d’entre elles considèrent même cette vaccination comme très importante, derrière la vaccination diphtérie/tétanos/poliomyélite (DTP) et devant celles de la coqueluche, l’hépatite A, la grippe (65 %) et le zona. Pourtant, de manière paradoxale, deux tiers des répondants seniors ne se considèrent pas personnellement à risque. Seulement 1 sur 5 dit être vacciné contre les infections à pneumocoque. Selon les dernières données de Santé Publique France, la couverture vaccinale pneumococcique est faible dans l’Hexagone : environ 8 % chez les 65 ans ou plus, atteints d’une pathologie chronique sous-jacente.
Dans l’étude IFOP, 9 répondants sur 10 se disent cependant prêts à discuter de la vaccination avec leur médecin généraliste, notamment ceux qui se considèrent à risque. « D’un point de vue pratique, il serait probablement plus facile - comme le font d’autres pays - de s’appuyer sur l’âge pour augmenter la couverture vaccinale pneumococcique », pense le Pr Bricaire. Le conseil est d’autant plus pertinent par ces temps de Covid-19, où les hôpitaux sont surchargés… Les trois quarts des répondants à l’étude IFOP se déclarent d’ailleurs prêts à se faire vacciner sur la base d’une recommandation sur l’âge. Encore faut-il que le médecin traitant leur en parle. Le manque d’information par le médecin traitant est l’une des principales raisons avancées de la non-vaccination…
* Réalisée pour l’Institut MSD auprès d’un échantillon de 1001 personnes représentatif de la population française.
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