Selon l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), les TROD qui dépistent simultanément la grippe et le Covid, ou la grippe, le Covid et le VRS, ne sont pas assez sensibles, générant trop de faux négatifs, pour prétendre à un remboursement en utilisation de ville.
Les tests d’orientation rapide de dépistage (TROD) dits « multiplex », c’est-à-dire susceptibles de détecter simultanément différents virus, ont été évalués par la Haute Autorité de santé. L’instance s’est prononcée les tests Covid/grippe, et Covid/grippe/VRS, et conclut qu’ils ne présentent pas d’intérêt médical en médecine de ville pour un diagnostic à l’échelle individuelle. En d’autres termes, la HAS ne recommande pas que ces tests soient remboursés par l’assurance-maladie dans ce contexte, ni aux professionnels de santé de les utiliser. La raison est que ces tests ne sont pas assez performants. « Alors que le taux minimal de sensibilité requis pour un TROD est de 80 %, les données de la littérature scientifique donnent à penser que les TROD évalués seraient nettement en dessous de ce seuil. Ainsi l’utilisation des TROD multiplex pourrait générer environ 25 % de faux négatifs pour le VRS chez l’enfant, et 45 % pour les virus grippaux, quel que soit l’âge », justifie la HAS. Les tests plus récents pourraient avancer de meilleurs taux de performance, mais, à ce jour, il n’existe pas de données robustes pour les évaluer.
Par ailleurs, l’utilité clinique des TROD multiplex n’est pas démontrée. « Concernant la grippe, ces TROD ne sont pas appropriés pour adapter les conseils à prodiguer aux patients en vue d’éviter la contamination des personnes à risque de forme sévère, compte tenu du risque important de résultats faussement négatifs », estime la HAS. Quant à la recherche antigénique du VRS, elle « ne semble utile ni au diagnostic (qui repose sur la clinique), ni à la prise en charge de la bronchiolite (à l’heure actuelle uniquement symptomatique), et elle ne présente pas d’intérêt évident à être faite en l’absence de symptômes évocateurs de bronchiolite », poursuit l’instance.
La seule utilité de ces tests serait à l’échelle populationnelle qui pourrait justifier, sous certaines conditions, leur prise en charge par l’assurance-maladie. Particulièrement en période hivernale, pour limiter la prescription inutile d’antibiotiques et pour éviter des re-consultations ou des consultations aux urgences pour des infections virales saisonnières, non graves. Toutefois, lesdits tests qui prétendent au remboursement dans cette indication au titre de « l’intérêt de santé publique » devront remplir certaines conditions : une sensibilité supérieure ou égale à 80 %, une spécificité supérieure ou égale à 99 %, et s’accompagner de la mise en place par les fabricants d’un recueil prospectif de données d’utilité clinique en vie réelle.
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