Dans un communiqué commun, la Société française de pédiatrie (SFP), le Conseil national de pédiatrie (CNP), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP), l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), ainsi que la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) mettent en avant que les jeunes enfants sont « moins infectés », « moins contagieux » en dehors du cercle familial, « font pour la plupart des formes bénignes de Covid » et « ne constituent pas un élément clef dans la dynamique de l'épidémie ».
Le collectif, qui insiste sur le fait « de ne pas se tromper de cible », invite en revanche les adultes à fortement se protéger des formes graves de l'infection en se vaccinant et en respectant les gestes barrières. « En adultes responsables, ils protégeront ainsi les moins de 12 ans qui pourront retourner à leur vie d'enfant et fréquenter écoles, activités extrascolaires et amis sans restriction. »
Un recul nécessaire pour la tolérance
Pour leur démonstration, les pédiatres répondent point par point à plusieurs questions courantes. À commencer par ce que disent les deux études sur les deux vaccins à ARNm (Comirnaty et Spikevax). Les pédiatres estiment qu'« indiscutablement » elles permettent « d'établir l'immunogénicité et très probablement l'efficacité avant l'âge de 12 ans ». Mais quant à d'éventuels effets secondaires rares, « il faut attendre les données de pharmacovigilance, disponibles après l'administration de plusieurs millions de doses », citant en exemple le risque de myocardites ou de péricardites avec la vaccination à ARNm anti-Covid chez les adolescents et jeunes adultes ou encore le risque de narcolepsie avec le vaccin Pandemrix contre le H1N1, « observée principalement chez les enfants et adolescents ».
Alors que le bénéfice collectif de la vaccination des 5-11 ans est qualifié d'« incertain » compte tenu de la contagiosité limitée des enfants en dehors du milieu familial, les bénéfices individuels ne semblent pas majeurs dans cette tranche d'âge en France, soulignent les pédiatres. Santé publique France a rapporté au cours de la pandémie peu de décès (n = 3), peu de formes graves ou syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) (n = 351), un chiffre d'hospitalisation modéré (n = 1 284) et une séroprévalence limitée de 16 %.
Le bénéfice social pourrait peser dans la balance
Certes le principal bénéfice est social, en assurant une scolarité et des activités extrascolaires normales. « Un des objectifs principaux de la vaccination des enfants, et en particulier des adolescents, est d’envisager plus sereinement l’année scolaire 2021-2022 dans un contexte de dominance du variant delta », reconnaissent-ils, tout en rappelant qu'il n'y a eu que 10 semaines de fermeture de classes en France, contre 47 aux États-Unis. Quant au Covid long, « les manifestations semblent beaucoup plus rares, moins intenses et moins prolongées que chez l'adulte », est-il ajouté.
Ainsi, outre les enfants porteurs de pathologies spécifiques et rares associées à un risque plus important de formes graves, qui bénéficient dès maintenant de la vaccination, « l’infection par le SARS-CoV-2 chez l’enfant apparaît comme le plus souvent bénigne, même avec le variant delta, ce qui permet d’envisager les bénéfices de l’immunité naturelle », estime le collectif.
Un contexte différent aux États-Unis
En quoi la vaccination est-elle alors davantage justifiée aux États-Unis ? L'épidémiologie y est très différente où, rapportés à une population 5 fois supérieure à la nôtre, les chiffres de décès sont multipliés par 6 (n = 94) ainsi que les séjours en USI par 2 (n = 2 700). Ce phénomène peut s'expliquer « par les importantes populations hispaniques, afro-américaines, afro-caribéennes et amérindiennes qui ont payé un lourd tribut à la pandémie, même en pédiatrie », est-il indiqué. Et alors que les écoles ont été fermées presque toute l'année scolaire dans la majorité des États américains, l'incidence des hospitalisations, des séjours en USI et des PIMS y est 1,5 à 3 fois plus importante. Moins de 50 % des adolescents (12-17 ans) y sont vaccinés contre près de 80 % en France.
Réévaluation régulière
Les Instituts nationaux de la santé américains (NIH) ont d'ailleurs annoncé lancer une étude de suivi sur trois ans chez 1 000 enfants et jeunes adultes (de 3 à 21 ans) afin d'évaluer les conséquences à long terme de l'infection (santé globale, développement, réponses immunitaires à l'infection, qualité de vie).
Une fois mieux défini le rapport bénéfice/risque chez l'enfant, et en fonction des indicateurs épidémiques, les pédiatres assurent que l'intérêt de la vaccination anti-Covid sera régulièrement réévalué. « L'un des éléments essentiels qui pourraient permettre d'évoluer vers une recommandation dans cette tranche d'âge est la bonne tolérance dans le suivi de pharmacovigilance de ce vaccin pour ces enfants dans les pays où il va être implémenté », insistent-ils. Et dans le cas où la vaccination serait décidée, « la prise en compte du statut immunitaire prévaccinal (par sérologie ou par la documentation d'une infection précédente) nous paraît indispensable », ajoutent-ils.
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