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Réapprendre à sentir

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Publié le 10/11/2020
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L'anosmie, ou perte d'odorat, concerne près de deux tiers des malades du Covid-19.

Et lorsqu'ils en guérissent - du Covid - le plaisir des fragrances et autres parfums leur restent parfois longtemps interdits… C'est alors une véritable rééducation de l'organe de l'olfaction qu'il faut entreprendre. Rendre l'odorat aux patients atteints du coronavirus et l'ayant perdu, c'est justement l'ambition de l'hôpital de Nancy-Brabois. Son service ORL vient ainsi de lancer une étude pour établir un nouveau protocole de rééducation olfactive. Le jeu en vaut la chandelle, car celle-ci peut être longue et difficile, justifient les spécialistes. Et s'entraîner ne suffit pas toujours. L'idée de ce nouveau protocole est d'ajouter quatre parfums, la lavande, la fraise, les herbes coupées et l'épicéa, aux quatre odeurs de base habituellement utilisées (clou de girofle, eucalyptus, rose et citron). L'objectif de ce réapprentissage renforcé est le renouvellement des cellules olfactives qui ont été brutalement endommagées par l'infection virale. Faire renaître le nez, en quelque sorte. En pratique, l'étude comprendra 80 patients et devrait utiliser un nouveau kit élaboré par un laboratoire de Saint-Malo, comprenant des petits tubes de parfums fortement concentrés. Pour réapprendre au cerveau les parfums, mais aussi à faire la différence entre eux, les odeurs seront respirées pendant 10 secondes deux fois par jour, avec 30 secondes d'intervalle entre chaque tube. À mi-parcours, un examen est également prévu pendant lequel les patients devront dire s'ils sentent quelque chose ou non. Un second exercice, toujours au sein de cette étude, consistera à identifier les odeurs senties pendant ce test. Enfin, parce qu'il ne serait pas juste d'accuser le coronavirus de tous les maux, une étude supplémentaire visera à examiner l'intégrité des fosses nasales. Pour ce faire, une caméra à la recherche d'un éventuel polype ou d'une rhinite allergique sera insérée dans une narine. De quoi rappeler aux convalescents du nez le désagréable gratouillis du test Covid naso-pharyngé…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien