Depuis le mois de janvier 2024 et jusqu’au 26 juin 2024, on recense 17 décès dus à la coqueluche en France : « trois adultes de plus de 85 ans (dans deux régions) et 14 enfants de moins de 15 ans (répartis dans sept régions) », indique l'agence Santé publique France (SPF) dans un bilan au 28 juin. Douze enfants décédés étaient des nourrissons âgés d’un à deux mois, un enfant était âgé de 4 ans. Un dernier enfant, âgé d’un mois, « n’avait pas la coqueluche indiquée comme cause de décès en l’état mais avait été hospitalisé pour coqueluche quelques jours avant », selon le bulletin de SPF. L’agence sanitaire confirme, qu’après une recrudescence de coqueluche au 1er trimestre 2024, un nouveau cycle épidémique démarre sur le territoire. « Alors qu’au 1er trimestre, quelques régions rapportaient des cas groupés, l’ensemble du territoire est désormais concerné avec des hausses importantes, tous réseaux de surveillance confondus », alerte le ministère de la Santé.
Le gouvernement insiste sur l’importance de la vaccination, en particulier chez les femmes enceintes
Dans ce contexte, le gouvernement insiste sur l’importance de la vaccination, en particulier chez les femmes enceintes, sachant que cette vaccination durant la grossesse peut être réalisée en pharmacie. En effet, la stratégie vaccinale contre la coqueluche repose sur la vaccination obligatoire depuis 2018 des enfants à partir de 2 mois, suivie de rappels vaccinaux à 6 ans, 11-13 ans et à 25 ans. Il est également fortement recommandé aux femmes enceintes de se faire vacciner, en privilégiant la période allant du 5e au 8e mois de grossesse, afin de protéger le nourrisson jusqu’à ses 6 mois. « Cette vaccination est essentielle étant donné que, sur les 17 décès dénombrés à ce jour en 2024, 12 concernent des nourrissons de 1 à 2 mois qui n’étaient pas encore protégés par la vaccination », martèle le ministère de la Santé.
« La vaccination des femmes enceintes permet en effet, pour les nourrissons de moins de 3 mois, de diviser par 4 le risque de coqueluche, de réduire de moitié le nombre d’hospitalisations et de réduire de 95 % le nombre de décès liés à la coqueluche. C’est une vaccination très efficace et sûre, tant pour la femme enceinte que pour son enfant à naître », précise le ministère de la Santé.
Quels antibiotiques, combien de temps ?
Toujours dans ce contexte de recrudescence de coqueluche, et pour tenir compte de la problématique de l’antibiorésistance, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié, le 25 juin, des recommandations sur la durée et la dose de l'antibiothérapie à adopter en fonction de l'âge et de la situation (traitement curatif ou prophylactique). La clarithromycine est recommandée en première intention chez l'enfant et l'adulte.
« En cas de coqueluche suspectée ou confirmée, l’antibiothérapie est recommandée pour réduire le portage et la contagiosité mais n’a pas d’effet sur l’évolution de la maladie d’autant plus que le diagnostic est tardif », indique la HAS. Elle repose essentiellement sur les macrolides, la résistance en France restant exceptionnelle contrairement à l’Asie. Les deux macrolides disposant d’études avec des traitements courts sont la clarithromycine et l’azithromycine. Toutefois, cette dernière molécule faisant partie des antibiotiques « critiques » à fort impact écologique, c’est la clarithromycine qu’il faut privilégier. Le traitement est à administrer dès que possible et dans les 3 premières semaines d’évolution. En effet « la contagiosité est maximale au moment de la phase catarrhale (période d’invasion), elle diminue à la phase quinteuse/paroxystique et peut se prolonger jusqu'à 3 semaines après le début de la période catarrhale en l'absence de traitement antibiotique », précise la HAS. Par ailleurs, il faudra éviter le contact avec des nourrissons, en particulier âgés de moins de 6 mois et mettre en place de mesures barrières autour du ou des cas : lavage des mains, port du masque.
Des alternatives aux macrolides
La HAS indique également les alternatives aux macrolides dans différentes situations. En cas de contre-indication aux macrolides, le recours au cotrimoxazole (sulfamethoxazole-trimethoprime) est possible et, en cas de rupture de stock, on pourra avoir recours à l’érythromycine.
Enfin, pour les cas contacts en cas de coqueluche confirmée, une antibioprophylaxie est recommandée. Elle débutera le plus tôt possible et maximum 21 jours après le dernier contact avec le cas index. Les antibiotiques sont les mêmes que pour le traitement curatif. Cette antibioprophylaxie est indiquée en cas de « contacts proches avec le cas index en période de contagiosité » : chez les enfants non ou mal vaccinés (enfants de 11 mois ou moins ayant reçu moins de 2 doses de vaccin coqueluche ; enfants de plus de 11 mois ayant reçu moins de 3 doses de vaccin coqueluche) ; les enfants et les adultes dont la dernière vaccination contre la coqueluche date de plus de 5 ans : ces personnes sont considérées comme non protégées contre la coqueluche. L’antibioprophylaxie est également indiquée en cas de « contacts occasionnels » pour les personnes à risque de forme grave et non protégées contre la coqueluche (nourrissons de moins de 1 an, personnes fragiles : immunodéprimés, pathologies respiratoires chroniques comme asthme et BPCO, les femmes enceintes).
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