Après deux ans de pandémie, comment a évolué la relation des Français avec la santé ? C’est à cette question que vient répondre l’enquête Sociovision de l’Ifop (vagues 2020 et 2021) menée auprès d’un échantillon de 6 000 personnes.
L’étude montre une population divisée dans son rapport à la santé. Avec d’un côté, des Français qui ont progressé dans leur expertise de la santé et dont certains ont la ferme intention d’utiliser leurs nouvelles connaissances. Et de l’autre, une partie de la population qui se défie plus que jamais du système et des professionnels de santé, et regarde d’un œil critique les laboratoires ou les vaccins.
C’est au sein des milieux les plus modestes que la défiance à l’égard des professionnels de santé est la plus grande. 48 % des personnes appartenant aux classes populaires reconnaissent avoir de moins en moins confiance dans les vaccins (à comparer à seulement 20 % dans les milieux aisés). Et les jugements négatifs à l’égard des médecins ou des laboratoires sont également plus répandus dans les milieux populaires que dans le reste de la population. Malheureusement, c’est également au sein des milieux les plus modestes que les taux d’incidence de la plupart des pathologies contemporaines sont les plus élevés (stress, douleurs musculaires, fatigue physique, obésité et surpoids, insomnie, dépression…). Au final, « les personnes qui ont le plus besoin de soins et de prévention sont aussi celles qui s’en défient le plus », conclut l’Ifop, en ajoutant que ce « paradoxe devrait faire l’objet d’une priorité de la santé publique ».
Encore plus de prévention
Un autre paradoxe s’est également accentué au cours de cette pandémie. C’est la tendance des Français à adopter des comportements préventifs, avec, dans le même temps, une progression de plusieurs « maladies de civilisation » (obésité, diabète, maladies respiratoires liées à la pollution, stress…). En effet, côté prévention, ceux qui déclarent veiller à avoir une alimentation saine et équilibrée sont passés de 51 % en 2010 à 66 % en 2021. De même, ceux qui disent faire de l’exercice régulièrement sont passés de 21 % en 2010 à 37 % en 2021. Et ceux qui vont régulièrement voir un professionnel de santé de manière préventive sont passés de 17 % en 2009 à 28 % en 2021. « Cette contradiction apparente entre meilleure prévention et augmentation des pathologies dues à une mauvaise hygiène de vie traduit une société de plus en plus polarisée entre des milieux sociaux où les comportements préventifs sont de plus en plus intégrés et des milieux où l’on refuse la prévention, soit par insuffisance de présence médicale, soit par défiance à l’égard des professionnels de santé », analyse l’Ifop.
Des jeunes qui se protègent
Enfin, une bonne nouvelle : la jeune génération apparaît plus adepte des mesures préventives afin de protéger son capital santé. Concernant le port du masque par exemple, les 15-24 ans jugent à 28 % que c’est « une bonne chose mais son usage doit être limité à certaines situations », à 36 % qu’on « devrait tous en porter un dans l’espace public en période de pandémie » et à 31 % qu’on « devrait porter un masque même lorsque l’épidémie sera terminée dans certaines situations ». Seule une toute petite minorité de 5 % affirme qu’il n’est pas nécessaire d’en porter un ! Des chiffres qui sont rigoureusement les mêmes pour la population générale. « Cette attitude responsable de la jeunesse souligne autant la spécificité de la maladie (les jeunes souhaitent protéger leurs grands-parents d’un virus particulièrement contagieux) que la particularité de cette génération qui, depuis son plus jeune âge, est soumise aux messages de précaution du PNNS (le plan national nutrition santé) », analyse l'Ifop.
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