La Station spatiale internationale (ISS) serait-elle un bouillon de culture ? Il ne faut rien exagérer. N’empêche. Le véhicule interstellaire est loin d’être la méga chambre stérile qu’on imagine ! « Malgré son environnement hautement contrôlé, caractérisé par la microgravité, des niveaux accrus de CO 2 et un rayonnement solaire élevé, les micro-organismes y occupent une niche unique », expliquent les scientifiques, en préambule de l’étude dont ils ont publié les résultats le mois dernier dans la revue « Microbiome ». Ils se sont penchés sur les évolutions de l’écosystème bactérien de la station orbitale et leur découverte est inquiétante. Il faut savoir que, outre la microgravité et les radiations, la survie, mais aussi les mutations des souches prospérant dans l’engin sont influencées par de nombreux autres facteurs, tels la ventilation, l’hygrométrie, la pression de l'air ou encore le nombre d'astronautes en mission.
Un micro-organisme a particulièrement retenu l’attention des chercheurs : Enterobacter Bugandensis. « Notamment retrouvée dans le tractus gastro-intestinal humain, la bactérie possède également des traits pathogènes, conduisant à une pléthore d'infections », soulignent-ils. Distinctes de leurs homologues terrestres, les souches ISS E. Bugandensis retrouvées dans la station ont présenté des mécanismes de résistance qui les classent au sein du groupe d'agents pathogènes ESKAPE qui réunit des espèces reconnues pour leur formidable résistance aux traitements antimicrobiens. Au cours de la mission Microbial Tracking, d'une durée de deux ans, 13 souches d E. Bugandensis multirésistantes ont ainsi été isolées dans l'ISS. Leur analyse a mis en évidence l’aptitude de ces passagers clandestins à des « adaptations » génomiques, fonctionnelles et métaboliques qui contribuent à leur multirésistance. Ces découvertes montrent qu’au-delà du vide hostile et des objets célestes qui entourent l’ISS, les astronautes doivent aussi faire face à une autre menace, celle d’un invisible et redoutable ennemi intérieur.
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