Vivre avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), c’est encore aujourd’hui devoir vivre dans l'incertitude et avec des contraintes liées à l’état de santé, aux traitements, ainsi qu’aux conséquences multiples dans les différents aspects de la vie. Même si les effets indésirables à court terme ont diminué, la toxicité des antirétroviraux (ARV) a été mise en évidence dès les premières trithérapies qui provoquaient de sévères effets (modifications corporelles, maladies cardiovasculaires). Toutefois, avec l’évolution des trithérapies, ces effets secondaires ont été diminués en fréquence de survenue et en intensité, voire sont désormais absents.
Actuellement, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) prennent leur multithérapie sous forme orale, en un ou plusieurs comprimés et/ou prises quotidiennes, sauf cas exceptionnels (multirésistances, impossibilité d’avaler ou d’absorber les comprimés). « Les attentes des PVVIH concernant des stratégies d’allègement sont nombreuses : des combinaisons qui réduisent le nombre de comprimés à avaler et le nombre de jours de traitement, voyager, améliorer la qualité de vie. Pour échapper à la stigmatisation, les patients privilégient souvent la discrétion et une prise quotidienne est d'autant plus difficile à vivre qu'elle leur rappelle en permanence leur séropositivité et représente une charge psychologique et émotionnelle importante, note le Pr Gilles Pialoux de l'hôpital Tenon à Paris. Dans ce contexte, faciliter l’observance est un enjeu important, on a alors recours à l’ensemble de l'éventail thérapeutique qui permet des switchs vers d’autres stratégies mieux acceptées et mieux tolérées. Pour les personnes qui ne parviennent pas être observantes, la disponibilité d’un traitement à action longue pourrait être une chance. »
Efficacité et non-infériorité
Composée en France de Vocabria (cabotégravir INI développé par ViiV Healthcare) et Rekambys (rilpivirine INNTI développé par Janssen Sciences), cette association est le premier traitement à action longue (Long Acting - LA) de l’infection à VIH. Elle est indiquée dans la prise en charge virale des adultes sous traitement ARV virologiquement contrôlés (charge virale indétectable et CD4 > 200/ml), sans résistances aux inhibiteurs non-nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) et aux inhibiteurs d’intégrase (INI). Elle peut être prescrite en switch (stratégie d’optimisation thérapeutique) chez des patients d’abord contrôlés par une trithérapie classique. Sa forme galénique LA, unique dans les options thérapeutiques actuelles, autorise une injection intramusculaire tous les deux mois (ou tous les mois) après une phase d’induction sous forme orale. Les résultats des études multicentriques de phase III, FLAIR, ATLAS et ATLAS-2M démontrent la non-infériorité du passage d’une trithérapie conventionnelle à la bithérapie injectable CAB + RPV à libération prolongée, et le maintien d'une suppression virologique à 96 semaines. Le traitement d’instauration par voie orale (facultatif) permet d’évaluer la tolérance des deux molécules avant leur administration injectable. Il est également envisageable en cas d'omission de l'administration injectable prévue.
Les réactions au site d’injection (RSI) type douleurs, nodules, gonflement, sont de grade 1 ou 2, elles sont résolues en quelques jours mais elles restent à évaluer en vie réelle ainsi que la toxicité à long terme. Cette option thérapeutique permet aux PVVIH de se libérer de la contrainte quotidienne et du poids symbolique des traitements, néanmoins l'administration par voie IM peut représenter un frein pour certains patients : désagréments liés aux 2 injections IM lors de chaque administration avec des RSI très fréquentes, nécessité de l’intervention d’un professionnel de santé pour la réalisation des injections, et venue à l’hôpital tous les mois ou tous les 2 mois contre tous les 6 à 12 mois actuellement si un circuit ville-hôpital ne peut être mis en place. Aussi, cette stratégie semble peu adaptée aux patients à risque d’inobservance.
« Par sa forme galénique injectable et son action longue durée l’association cabotégravir/rilpivirine est une option thérapeutique intéressante dans les lignes de traitements actuelles, conclut Mariel Mayer directrice médical ViiV Healthcare. C’est pourquoi nous espérons fortement que ce 1er traitement injectable sera rapidement accessible en France et délivré également en pharmacies de ville. »
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