Comment évolue la pathologie ?
Cliniquement, en phase aiguë, l’eczéma débute par un érythème lié à la vasodilatation et un œdème de l’épiderme. Les périodes de poussées sont marquées par la présence de microvésicules laissant de petites ulcérations qui suintent puis se recouvrent de croûtes. Quand les lésions deviennent chroniques, elles évoluent vers une sécheresse cutanée et un épaississement épidermique (lichénification). Elles sont souvent excoriées par le prurit et forment des plaies qui favorisent les risques de surinfection locale bactérienne (staphylocoque doré) ou virale (herpès).
Existe-t-il des mesures préventives ?
Chez les enfants à risque, la prévention primaire consiste à promouvoir l’allaitement maternel, à exclure une diversion alimentaire trop précoce (avant l’âge de 4 mois). Le régime d’éviction alimentaire n’est pas nécessaire sauf si l’allergie alimentaire a été déterminée. Aujourd’hui, les nouvelles avancées scientifiques préconisent la prise en charge de la sécheresse cutanée dès la naissance, au stade de la xérose pré-atopique. L’application d’émollients, avant l’apparition de l’eczéma, est recommandée. Cela permet le rétablissement d’une peau saine chez les sujets non encore atteints, mais présentant un terrain génétique favorable.
Que faire quand la maladie se déclare ?
La prévention secondaire des personnes tout juste touchées par l’atopie passe par les conseils prodigués par les professionnels de santé pour maintenir une rémission de bonne qualité, avec moins de poussées, et d’éviter les autres manifestations allergiques (respiratoires, digestives). Lorsque la maladie est installée, les traitements curatifs dépendent de l’intensité des symptômes évaluée par le calcul du score de gravité (SCORAD).
Doit-on rechercher des allergènes de contact ?
L’allergie de contact intervient dans 40 % des cas de DA mais il ne faut pas la confondre avec un eczéma de contact qui peut cependant s’y rajouter. Dans ce cas, les lésions sont localisées à l’endroit même du contact avec l’allergène. On peut avoir un eczéma de contact sans avoir de terrain atopique. Cependant, un enfant atopique a de fortes chances de développer un eczéma de contact. La suppression de ces contacts suffit souvent à mieux contrôler les poussées.
Comment nettoyer la peau sans l’agresser ?
Les produits d’hygiène sont des bases lavantes ou des pains sans savon, sans parfum et à pH physiologique. Ils sont parfois enrichis en actifs surgraissants ou apaisants. Les huiles de bain ou de douche sont indiquées pour les peaux très sèches. Diluées dans le bain, elles sont rincées ou non. Le bain doit être de courte durée, pas trop chaud, et le rinçage minutieux (huiles de bain Omega Eucerin, Topialyse Sensitive, Sensinol, Stélatopia lactée, Xémose, Xerodiane Plus).
Quel est le mode d’action des émollients ?
Les soins émollients et humectants améliorent les signes fonctionnels dus à la sécheresse cutanée. Ils s’opposent à la perte en eau, limitent l’utilisation des dermocorticoïdes et apportent un confort avec un impact direct sur l’amélioration de la qualité de vie. Certains, enrichis en céramides, phospholipides, ou filaxérine inducteur de fillagrine (Exomega) restaurent transitoirement la barrière cutanée. L’EMA (Agence européenne du médicament) reconnaît l’usage topique de certaines plantes en cas d’inflammation mineure ou de sécheresse de la peau. Elle recommande essentiellement celles qui contiennent des acides gras oméga 6 (graines et huiles végétales de bourrache, d’onagre, de pépins de cassis) et un extrait riche de plantule d’avoine (A-Derma).
Comment agir sur la flore cutanée ?
La théorie de la biodiversité du microbiome est à l’origine d’une supplémentation en certains probiotiques dans la prévention primaire de la DA. On espère qu’un enrichissement de la flore saprophyte du tube digestif induira une réponse inflammatoire de type anti-infectieuse, par activation de l’immunité innée. Diverses souches de lactobacillus rhamnosus réduisent significativement le risque de DA mais elles ne présentent pas de réel intérêt une fois la maladie diagnostiquée. Elles sont conseillées chez les femmes enceintes ou allaitantes atteintes de DA ou ayant un proche parent atteint.
Les cures thermales sont-elles conseillées ?
Elles peuvent s’avérer efficaces grâce aux techniques d’application des eaux thermales, aux soins prodigués, au soutien psychologique apporté. (Avène, La Roche-Posay, Saint-Gervais, Uriage…) Très impliqués dans l’exploration du microbiote, les laboratoires Avène ont établi un programme de recherche « microbiote cutané et dermatite atopique ». L’eau thermale La Roche-Posay se distingue par sa richesse naturelle exceptionnelle en sélénium, en silice et en calcium. La présence de ces constituants lui confère des propriétés antiradicalaires, anti-irritante, cicatrisante, et apaisante, bénéfiques pour les peaux lésées.
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