Cibler les personnes à risque.
À condition qu’un patient soit fidèle à son pharmacien, il est aisé de repérer une sur-observance (visites rapprochées) ou une sous-observance (visites espacées). Certains propos tenus par les patients peuvent également alerter : ainsi une personne se plaignant du mauvais goût de son comprimé, des effets indésirables de moins en moins tolérables ou encore d’un manque d’efficacité, est susceptible d’arrêter son traitement prématurément. En plus de l’écoute, il est important de poser les bonnes questions, tout en veillant à ce que la personne ne se sente pas jugée ou surveillée.
Certains facteurs de risque de mauvaise observance ont été évalués.
- L’âge avancé ;
- La représentation plus ou moins négative qu’a le malade de sa maladie et de son traitement ;
- Un défaut d’éducation qui pourrait avoir une influence ;
- Le manque de connaissance du traitement, la polymédication, le nombre de prises quotidiennes, l’automédication, les effets indésirables ;
- Les maladies silencieuses (hypertension, diabète…) alors que des pathologies comme l’épilepsie ou l’asthme seraient plus liées à une bonne observance du fait de la réapparition des symptômes en cas d’arrêt du traitement ;
- Les hospitalisations : attention aux retours d’hospitalisation avec des introductions et des arrêts de traitement qui s’ajoutent à une aggravation d’un état qui peut être psychologiquement perturbant ;
- Déficience de la vue, hypoacousie, tremblements, rhumatismes, troubles de la coordination, hyposialorrhée, troubles de la mémoire ;
- Facteurs liés au médicament : conditionnement non adapté, notice illisible, génériques, taille petite des comprimés, gouttes difficiles à prendre en cas de tremblements, ampoules buvables difficiles à ouvrir (même si elles sont appréciées des personnes âgées), collyres difficiles à appliquer, couleur et goût.
Adapter l’information.
En fonction de l’âge et de la compréhension du malade âgé, il pourra être nécessaire de communiquer différemment : employer un débit de parole plus lent, parler plus fort, reformuler, associer des gestes aux paroles, écrire ce qu’on dit…
Quelle information ?
Pour que le patient devienne acteur de sa propre santé, il est important qu’il connaisse son traitement : son indication, sa posologie, ses effets indésirables. Chaque dispensation mensuelle est l’occasion d’informer, de réinformer en ciblant particulièrement les médicaments les plus à risque. C’est aussi l’occasion de rassurer sur les effets indésirables : les patients âgés associent parfois les médicaments à un « poison » et la prise du médicament peut être retardée jusqu’au moment où les symptômes seront plus inacceptables que le risque d’effets indésirables, ce qui est problématique dans des maladies chroniques silencieuses telles que l’hypertension artérielle, le diabète… De la même façon, il faudra être vigilant lors d’arrêts prématurés de médicaments sous prétexte que ça va mieux : « ma tension est redevenue normale », « ma dépression est finie »
« Apprivoiser » un nouveau médicament.
Lors de la délivrance d’une première prescription, quelques démonstrations simples peuvent souvent permettre de lever des craintes : ainsi faire manipuler les médicaments tels qu’un aérosol, un collyre, un flacon compte-gouttes, ou un comprimé à couper permet de s’assurer que le patient sera capable de les utiliser. Attention aussi aux gros comprimés difficiles à déglutir, aux sirops avec lesquels la cuillère mesure n’est pas fournie (risque d’utiliser une cuillère à soupe au lieu d’une cuillère à café), aux blisters ou aux sachets difficiles à ouvrir…
Adapter la prise au quotidien.
Pour éviter les oublis, conseiller au patient de placer ses médicaments dans des pièces stratégiques : cuisine, salle de bains… En fonction de l’horaire de prise.
Le cas des génériques
Les génériques peuvent être à l’origine de deux types de mauvaise observance : intentionnelle ou non intentionnelle. La première sera liée à une réticence vis-à-vis du générique en général. Une brochure proposée par le CESPHARM, « Ce que vous devez savoir sur le médicament générique », peut aider à lever les doutes. Le second type de mauvaise observance sera lié à des erreurs, plus fréquentes au début d’une substitution : prise simultanée du générique et du princeps, prise de deux génériques de marque différente mais ayant la même composition. Pour éviter ce risque d’erreur, la dernière convention nationale des pharmaciens a abordé un point en ce sens : « le pharmacien s’engage à garantir au patient de plus de 75 ans, pour un médicament générique donné, la délivrance dans son officine de la même marque » (dans une liste définie de traitements chroniques en diabétologie et cardiologie). Les autres façons d’éviter les confusions consistent à inciter le patient à terminer son traitement princeps avant de commencer le générique, lui montrer le médicament princeps qu’on va remplacer et le comparer au médicament générique, lui faire ramener les médicaments périmés et non utilisés.
Des efforts sont fournis aussi par les laboratoires sur les boîtes, les couleurs, les formes de comprimés, les pictogrammes qui reprennent les informations principales à donner lors de la délivrance, les notices en caractères agrandis, les conditionnements unitaires…
Les applications mobiles.
Les applications sur smartphone se développent pour aider les patients dans leur observance. Ainsi par exemple il est possible de programmer son traitement sur l’application et des alertes s’enclencheront au moment de la prise. Le patient valide alors sa prise pour un meilleur suivi. On retrouve par exemple cette application dans « Ma pharmacie mobile » (Proposée par l’éditeur informatique Pharmagest).
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