L'insomnie est une plainte subjective concernant des difficultés de sommeil survenant dans un contexte dans lequel l'opportunité de dormir est présente. Pour plusieurs patients la plainte concerne des difficultés mixtes d'initiation et de maintien du sommeil mais c'est souvent les altérations du fonctionnement diurne qui les incitent à consulter. Toute la difficulté de prise en charge de l'insomnie aiguë est le passage à la chronicité. En effet le patient a tendance à la combattre en adoptant un comportement inadapté qui ne fait que la renforcer et à entretenir un véritable cercle vicieux. On parle d'insomnie chronique lorsque les insomnies surviennent plus de trois nuits par semaine depuis au moins trois mois avec un impact sur le fonctionnement diurne, la santé et la qualité de vie du patient. En dépit de sa prévalence élevée, elle est souvent banalisée et par conséquent sous diagnostiquée et sous traitée. Lorsque les personnes décident de se traiter elles ont souvent recours en première intention à des substances médicamenteuses en vente libre ou à des produits naturels dont la valeur thérapeutique est faible. L'insomnie est traditionnellement traitée par des hypnotiques qui agissent sur le récepteur GABA A mais il est important de rappeler que les médicaments ne sont pas le traitement de première ligne. Le traitement de référence reste la thérapie cognitivocomportementale (TCC). Les benzodiazépines et apparentés n'ont d'intérêt que pour la forme aiguë, leur rapport efficacité/effets indésirables est faible à court terme et insuffisant au-delà de 4 semaines. Quant à la mélatonine, selon la HAS, sa place est limitée à l'insomnie primaire du patient de plus de 55 ans. Des hypnotiques innovants ciblant le système orexine sont en cours de développement et offrent une approche différente des autres traitements. Ils ont démontré une amélioration du sommeil nocturne et pour la première fois une amélioration du fonctionnement diurne tout en conservant un profil de sécurité favorable sans risque de dépendance.
Un mécanisme d’action innovant
Daridorexant (Quviviq) est un double antagoniste des récepteurs de l'orexine qui est le chef d'orchestre des états de veille du sommeil. Le médicament agit sur les circuits de la vigilance sans intervenir sur les processus neuronaux impliqués dans le sommeil (à la différence des benzodiazépines). En bloquant les récepteurs du neurotransmetteur, il désactive les processus qui sous-tendent l'éveil, et le sommeil peut s'installer de façon naturelle. Sa prescription est subordonnée aux échecs de mesures d'écologie du sommeil et des prises en charge non médicamenteuses telles que les thérapies cognitives comportementales (TCC), qui restent le traitement de première intention. Elle est également soumise à une évaluation précise et complète de la situation médico-psycho-sociale du patient ainsi que de ses habitudes de sommeil.
Le daridorexant agit sur les circuits de la vigilance sans intervenir sur les processus neuronaux impliqués dans le sommeil
Une étude clinique a démontré qu'à la dose recommandée de 50 mg par jour pendant 3 mois, le daridorexant a amélioré les critères objectifs et subjectifs couvrant l'ensemble des symptômes diurnes et nocturnes, en particulier le temps de latence d'endormissement (LPS + 35 minutes) le maintien du sommeil (waso + 30 minutes) le temps de sommeil total qui atteint le seuil de 55 minutes de pertinence clinique. Un questionnaire rempli par le patient portant sur le fonctionnement diurne dans trois domaines (vigilance et cognition, humeur et somnolence) a montré un gain de 4 points sur l'échelle de référence.
50 mg le soir 30 minutes avant le coucher
Les bénéfices diurnes et nocturnes perçus par le patient sont maintenus sur 12 mois. Une étude en vie réelle est en cours. L'étude de tolérance ne mentionne aucun effet dose, aucun signe d'abus ni symptômes de sevrages (absence de dépendance). La posologie recommandée est de 50 mg le soir 30 minutes avant le coucher. Certains patients peuvent être traités à la dose de 25 mg le soir. La durée de traitement doit être aussi courte que possible et la pertinence de poursuivre le traitement doit être évaluée dans les 3 mois après initiation du traitement et périodiquement ensuite. Commercialisé par le laboratoire européen Idorsia, Quviviq est disponible sur prescription (liste I) en boîte de 30 comprimés dosés à 25 mg et 50 mg au prix de 56,89 euros avec un taux de remboursement Sécurité sociale de 30 %.
D'après une conférence de presse d'Idorsia
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