Le sémaglutide, cet agoniste des récepteurs du GLP-1 initialement prescrit aux diabétiques de type 2, continue de faire ses preuves dans la perte de poids avec deux nouvelles études publiées dans Nature Medicine sur son efficacité à 4 ans.
Plus tôt en 2023, les résultats de phase 3 de l’essai Select avaient mis en évidence l’efficacité du sémaglutide sur la perte de poids (-9,4 % en moyenne) et le tour de taille chez les patients en surpoids ou obèses non diabétiques pendant au moins 3 ans, ainsi que son efficacité dans la réduction du risque d’événements cardiovasculaires majeurs (-20 %) en comparaison avec le groupe placebo. Fin avril 2024, l’Agence européenne du médicament a apporté des données de pharmacovigilance rassurantes en écartant un lien de causalité entre les médicaments de la classe des analogues du GLP-1 et des idées ou actes suicidaires ou d’automutilation.
Ces deux études, dont les résultats ont tout d’abord été présentés au congrès européen sur l’obésité en plénière et en poster, révèlent d’une part que les patients traités par sémaglutide perdaient, en moyenne, 10 % de leur poids et plus de 7 cm de tour de taille après 4 ans - et ce sans différence sur le sexe, l’ethnie, l’âge, le poids initial et les régions du monde - et d’autre part que l’effet protecteur cardiovasculaire est conservé après 4 ans.
Les patients traités par sémaglutide perdaient, en moyenne, 10 % de leur poids et plus de 7 cm de tour de taille après 4 ans
L’essai Select* porte sur une cohorte multicentrique internationale de 17 604 adultes en surpoids ou obèses non diabétiques. Il vise à évaluer l’efficacité du sémaglutide (versus placebo) à la dose hebdomadaire de 2,4 mg pour la perte de poids des patients obèses (indice de masse corporelle [IMC] ≥ 30 kg/m2) ou en surpoids (IMC ≥ 27 kg/m2) avec au moins une comorbidité. Plus d’un patient sur deux avait changé de catégorie d’indice de masse corporelle (IMC) après 2 ans par rapport au placebo (16 %) et 12 % des patients sous sémaglutide avaient atteint un IMC de 25 kg/m² ou moins contre 1 % dans le groupe placebo.
La première étude montre que ces effets bénéfiques persistent au moins 4 ans avec un taux d’événements indésirables inférieur comparé au placebo (33 versus 36 %). Ces effets ont été constatés pour les différents sexes, âge, poids, région, ethnie, statut glycémique initial… Cependant, les femmes ont montré une meilleure tendance à la perte de poids que les hommes, et les patients asiatiques perdaient moins de poids que les autres et se situaient plutôt dans des catégories d’IMC plus basses. Un résultat que les auteurs commentent : « bien que l'ensemble des données soit riche en nombre et en diversité, il n'a pas le nombre d'individus dans les sous-groupes ethniques qui auraient pu révéler des effets différentiels potentiels ».
Pour la Pr Ryan, autrice senior, cette analyse à long terme établit qu’« une perte de poids cliniquement significative peut être maintenue jusqu'à 4 ans dans une population géographiquement et ethniquement diversifiée d'adultes souffrant de surpoids et d'obésité ». La spécialiste entrevoit un effet positif sur « le fardeau de santé publique que sont les pathologies associées à l’obésité » et évoque d’autres maladies chroniques telles que « plusieurs types de cancer, l’arthrose, l’anxiété et la dépression ». Ainsi, à 208 semaines, la perte de poids était en moyenne de -10,2 % dans le groupe sémaglutide contre 1,5 % pour le groupe placebo, et la réduction du tour de taille de -6,9 % dans le groupe sémaglutide contre 1 % pour le groupe placebo.
Un bénéfice cardiovasculaire quel que soit le poids
La seconde étude a montré, quant à elle, que le traitement par sémaglutide confère des bénéfices cardiovasculaires indépendamment du poids de départ ou du poids perdu. Ces résultats suggèrent donc que « même les patients avec une obésité modérée ou ceux ne perdant pas de poids pourraient en tirer bénéfice ». Le Pr John Deanfield, cardiologue et auteur senior, commente ainsi : « le médicament a d'autres actions qui réduisent le risque cardiovasculaire au-delà de la réduction de la graisse corporelle ». Il souligne également l’importance clinique de ces résultats, au regard de sa pratique : « environ la moitié des patients que je vois en consultation ont des poids équivalents aux participants de l’essai Select et pourraient bénéficier des effets du sémaglutide en plus de leur traitement. »
Des résultats commentés par le Pr Rameen Shakur de l’Université de Brighton sur Science Media Centre qui rappelle que les « mécanismes par lesquels le sémaglutide réduit la mortalité cardiaque ne sont pas clairs ».
Enfin, les auteurs rappellent que Select n’est pas un essai de prévention primaire et que les données ne devraient donc pas « être extrapolées à tous les individus en surpoids ou obèses pour la prévention des événements cardiovasculaires majeurs ». De plus, ils précisent que l’essai n’a pas pris en compte les compositions corporelles, notamment la quantité de masse graisseuse.
*L’étude Select a inclus 17 604 patients de 41 pays différents d’octobre 2018 à mars 2021. Les participants étaient à 72,3 % des hommes et avaient une moyenne d’âge de 61,6 ans et un indice de masse corporelle moyen de 33,3 kg/m².
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