Jusque-là plutôt suspectés d'être cancérigènes, les édulcorants pourraient être associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires. C'est ce que suggèrent les résultats d'une étude française publiée le 8 septembre dans le « British Medical Journal ».
Le risque cancérigène associé à la consommation de certains édulcorants a souvent été recherché. Ainsi, une étude observationnelle française, publiée en mars par des chercheurs de l'Inserm, de l'INRAE, de l'université Sorbonne Paris Nord et du CNAM, a-t-elle montré que les personnes consommant le plus d'édulcorants, notamment d'aspartame et d'acésulfame-K, avaient un risque plus élevé de cancer.
Cette fois-ci, ce sont les risques cardiovasculaires associés qui ont intéressé les chercheurs. Des membres de l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) ont utilisé la même méthodologie sur les données de santé et de consommation d'édulcorants de 103 388 Français et Françaises adultes participant à l'étude de cohorte NutriNet-Santé. 37 % des participants ont consommé des édulcorants, en moyenne 42,46 mg/jour, soit l'équivalent d'un sachet individuel d'édulcorant de table ou de 100 ml de soda light par jour.
Après avoir recueilli des informations sur le diagnostic de maladies cardiovasculaires au fil du suivi (2009-2021), des analyses statistiques ont étudié les associations entre consommation d'édulcorants et risque de telles maladies. Selon l'étude, les édulcorants artificiels, notamment aspartame, acésulfame-K et sucralose, sont associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires et coronariennes. Ainsi, sur neuf ans de suivi, 1 502 événements cardiovasculaires sont survenus (crises cardiaques, angines de poitrine, angioplasties, accidents vasculaires cérébraux…).
Jusqu'alors, des études avaient suggéré une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires associé à la consommation de boissons édulcorées. Aucune ne s'était penchée sur l'exposition aux édulcorants dans leur ensemble, selon les auteurs.
« Ces résultats, en accord avec le dernier rapport de l'OMS publié cette année, ne soutiennent pas l'utilisation d’édulcorants en tant qu'alternatives sûres au sucre », conclut le Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'Inserm et coordinatrice de l'étude. Cependant, « cette étude observationnelle ne peut répondre à la question posée » en raison de « différences majeures dans de nombreuses caractéristiques des personnes consommant des édulcorants artificiels par rapport à ceux qui n'en consomment pas », a notamment jugé Naveed Sattar, professeur de médecine des maladies métaboliques à l'université de Glasgow, pour qui la méthodologie de l'étude n'est pas assez solide.
D'autres recherches seront donc nécessaires pour reproduire et éventuellement confirmer ces résultats.
Avec l'AFP.
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