Acoustique

Les dangers du son compressé

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Publié le 01/02/2022
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Alors que s'achève, aujourd'hui même, la 19e édition de la Semaine du son de l'UNESCO, la question des effets néfastes de la compression sonore trouve un nouvel écho. Le sujet n'est pas nouveau, mais il préoccupe de plus en plus les spécialistes. Commençons par expliquer ce qu'est la compression dynamique. Il s’agit d’une technique d'acoustique introduite dans les années 1960 consistant à supprimer les écarts entre les sons forts et les sons faibles. Autrement dit à relever le niveau sonore d’un son faible pour qu’il soit mieux perceptible et inversement diminuer un son trop fort. Ainsi le niveau sonore d'une guitare peut être relevé au même niveau que celui d'une batterie. Pas du tout limitée au monde de la musique, la compression sonore a vite séduit les publicitaires qui, en écrasant le son pour le faire remonter vers le haut, ont vu là la possibilité de situer leurs messages au-dessus du bruit ambiant de la ville. Si cette manipulation technique peut déplaire au consommateur, c'est sur un tout autre plan que Christian Hugonnet, ingénieur en acoustique, veut nous alerter. Car, dit-il, la compression dynamique du son est à l’origine d’une fatigue auditive extrême. « Les sons stagnent toujours au même niveau et ne redescendent jamais. L'oreille et le cerveau n'ont plus les microsilences qui leur permettent de respirer », explique-t-il. L'oreille, jamais reposée, s'abîme. Plus précisément, les cellules auditives de l'oreille interne incapables de se reposer ni de se régénérer, s'atrophient et finissent par exploser… laissant place à un silence cette fois-ci pathologique. Triste perspective. Mais l'espoir est permis, car l'industrie du disque entame sa prise de conscience du problème, tant du point de vue sanitaire que de l'intégrité de l'œuvre artistique. Ainsi, dans le cadre de l'UNESCO, un Label Qualité imaginé avec Universal et l'IRCAM pourrait s'afficher sur les albums à compter de 2023. Vos choix musicaux continueront de vous appartenir, mais, quels qu'ils soient, ils préserveront vos oreilles qui retrouveront enfin le plaisir d'écouter le son du silence.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien