Jusqu'à présent, seuls les enfants à risque élevé de contracter une infection invasive à méningocoques B et les populations ciblées dans le cadre de situations spécifiques (foyers de cas, épidémie, hyperendémie localisée) sont vaccinés. Le Bexsero est le seul vaccin autorisé pour les plus de 2 mois (le Trumenba n'est autorisé qu'à partir de 10 ans).
Dans un avis publié ce 22 juin, la HAS rappelle que les nourrissons sont la classe d'âge la plus vulnérable aux infections invasives à méningocoques (IIM), qui représentent 70 % des cas d'infection chez eux. En 2019, le taux de déclarations est de 0,36 pour 100 000 habitants (soit deux fois moins qu'entre 2003 et 2011, sans que la raison de cette baisse soit connue). La létalité oscille entre 9 et 12 %, et 6 % des cas présentent des séquelles précoces. En 2019, chez les moins de 5 ans, 88 cas et 3 décès ont été enregistrés. Parmi ces IIM, le sérogroupe B est majoritaire.
Si l'année 2020 est marquée par une inflexion des IIM pour tous les sérogroupes, liée aux mesures barrières et aux confinements, la reprise d'une vie sociale normale laisse présager une remontée des IIM en France, craint la HAS.
Efficacité prouvée en vie réelle
Les données observationnelles et celles provenant des essais randomisés n'ont pas montré d'impact de la vaccination sur le portage et donc sur la transmission des méningocoques du sérogroupe B ; le vaccin Bexsero ne permettrait pas d'atteindre une immunité de groupe, reconnaît la HAS.
Néanmoins, les données en vie réelle provenant du Royaume-Uni ainsi que celles provenant de programmes de vaccination mis en place plus récemment en Italie et au Portugal montrent une réduction de l'incidence des infections invasives à méningocoques B après l'introduction du vaccin Bexsero (réduction en Angleterre comprise entre 60 et 80 %) et une efficacité en vie réelle (estimée entre 50 et 99 % en Italie et au Portugal, selon les bornes statistiques). Les données britanniques mettent en évidence une protection au moins jusqu'à l'âge de 4 ans chez l'enfant. Quelques études suggèrent même une efficacité sur d'autres souches (notamment les souches W). Aucun problème de sécurité n'a été signalé dans les pays où la vaccination de masse avec Bexsero est en place.
Au-delà de ces données scientifiques, la HAS a fondé son avis sur la bonne acceptabilité de cette vaccination chez les professionnels de santé. Selon l'enquête Infovac conduite fin 2019, plus de 90 % des 1 200 pédiatres et généralistes interrogés se prononçaient en faveur de l'inscription de la vaccination contre les IIM B dans le calendrier vaccinal, et 53 % des médecins interrogés (69,5 % des pédiatres et 29,7 % des généralistes) proposaient déjà le Bexsero.
La recommandation d'une généralisation de la vaccination devrait favoriser une possible protection individuelle de tous les nourrissons jusqu'à l'âge de 4 ans au moins, et permettre de lever la barrière financière (il n'est remboursé qu'à 65 %), qui est l'une des sources d'inégalités d'accès à ce vaccin, argumente la HAS. Et de plaider pour une forte diminution du prix du vaccin.
La HAS rappelle enfin que cet avis ne remplace pas les recommandations préexistantes, notamment la mise en place d'une chimioprophylaxie antibiotique pour les sujets contacts de cas sporadiques d'IIM B (moyen le plus efficace de prévention de cas secondaires), et la vaccination prioritaire des personnes à risque de contracter cette infection (personnels des laboratoires travaillant spécifiquement sur le méningocoque, personnes ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques…).
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