Face à la perspective alarmante d'une augmentation des maladies respiratoires chroniques au cours des années à venir, les pneumologues insistent sur l'importance de stratégies efficaces de dépistage et de prévention permettant de limiter l’évolution des pathologies à des stades graves parfois irréversibles et mortels. Ainsi la prévalence de la BPCO va continuer de s'accroître pour devenir la 3e cause de mortalité dans le monde. La détection précoce repose sur un interrogatoire permettant de déceler et d'agir sur les principaux facteurs de risques précurseurs de la maladie. Le diagnostic s'appuie sur la spirométrie, l'examen de référence, pour définir l'existence d'un trouble ventilatoire obstructif (TVO) non réversible mais le diagnostic est établi le plus souvent quand la pathologie est installée.
Des symptômes respiratoires avec un TVO normal peuvent être considérés comme précurseurs de la BPCO
En fait, des symptômes respiratoires avec un TVO normal peuvent être considérés comme précurseurs de la BPCO en raison d'une altération sous-jacente de la fonction respiratoire et un risque accru d'événements cardiovasculaires et de mortalité toutes causes. D'où l'importance d'intervenir avant que le TVO soit installé. « La pré-BPCO s'applique aux patients symptomatiques sans anomalie respiratoire pour lesquels les mesures de prévention ont leur rôle à jouer précocement pour éviter le surrisque cardiovasculaire, précise le Dr Hervé Pégliasco pneumologue à l'hôpital Européen de Marseille. Actuellement certains pneumologues conseillent de se préoccuper de la trajectoire de la fonction respiratoire et des éléments l'influençant tout au long de la vie, même au cours de l'enfance en cas de facteurs de risque. Ainsi l'enfant prématuré et/ou qui fait des infections à répétition doit faire l'objet d'une surveillance précoce et régulière même s'il n'est pas asthmatique. »
Un dépistage organisé qui tarde à s'organiser
Le cancer du poumon est la première cause de mortalité en France et dans le monde. À l’instar des cancers du côlon et du sein, l'idée d'un dépistage organisé à l'aide de l'imagerie permettrait de le détecter à un stade nodulaire isolé, avant le stade métastatique. Selon deux études internationales, ce type d'approche précoce permet une diminution de 20 % de la mortalité par cancer du poumon et une amélioration significative de la mortalité toute cause. Malheureusement, en matière de dépistage organisé, la France a pris du retard par rapport à d'autres pays puisque des programmes nationaux sont déjà actifs en Europe et dans le monde (États-Unis et Australie). Depuis février 2022, la HAS reconnaît l'intérêt d'un tel dépistage et recommande de lancer des expérimentations sur tout le territoire. Au cours du premier trimestre 2024 l'INCa a prévu de lancer un appel à projet pilote dans le but d'initier des programmes à l'échelle régionale. « La SPLF soutient fortement l'idée d'un programme expérimental impliquant tous les acteurs (radiologues, pneumologues, tabacologues chirurgiens, médecins généralistes), accompagné de campagnes de communication grand public. Avec le déploiement d'un dépistage organisé nous pourrions sauver jusqu'à 7 500 vies chaque année en France, mais sa mise en place est toujours dans l'attente de l'arbitrage des instances concernées », déplore le Pr Sébastien Couraud pneumologue à l'hôpital Lyon Sud.
D'après une conférence de presse de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
* Du 26 au 28 janvier 2024 au Grand Palais de Lille.
Les avancées vaccinales en 2024
La prévention contre le pneumocoque connaît une belle avancée avec l'arrivée d'un vaccin 20-valant qui va couvrir 20 sérotypes pneumococciques avec une seule injection pour ceux qui n'ont jamais été vaccinés. En simplifiant le schéma vaccinal il va permettre d'améliorer la couverture antipneumococcique très insuffisante à ce jour.
Deux vaccins contre le VRS ont reçu l'approbation de l'Agence européenne du médicament (EMA) et un 3e fait l'objet d'une demande d'autorisation. L'un des deux vaccins approuvés est disponible en pharmacie et son remboursement devrait être effectif en automne 2024. L'un des vaccins a été évalué chez la femme enceinte pour prévenir les infections par le VRS chez l'enfant après la naissance.
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
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Christelle Degrelle