Ce pourrait être une histoire drôle… Mais ce n'est qu'une étrange histoire médicale. Celle de Derek et de son épouse. Cet américain a soudain pris la fâcheuse habitude de faire des jeux de mots. Pas de quoi en faire une maladie, me direz-vous. Chacun d'entre nous connaît, dans son entourage familial ou amical, un tonton rigolo ou un copain farceur adepte du calembour à outrance. Mais en l'occurrence, il ne s'agit pas de cela. Car Derek plaisante, déclame des histoires drôles et distille les jeux de mots à longueur de journée… Et même la nuit ! Presque chaque nuit, il réveille son épouse pour lui asséner mots d'esprit et autres plaisanteries. Et lorsque, à bout de nerfs, celle-ci lui conseille de coucher sur le papier ses saillies drolatiques, elle découvre au matin 50 pages noircies de blagues en tous genres… Pas toujours drôles d'ailleurs. Cinq années de ce régime poussent la patiente épouse à conduire son mari rigolard chez un neurologue. À l'université de Californie (Los Angeles), le Dr Mario Mendez est l'homme de la situation. Très vite, il diagnostique chez Derek un Witzelsucht, ou maladie de l'humour pathologique. Une affection neuropsychiatrique qu'il a observée chez au moins deux malades et décrit en ces termes : « Ces patients présentaient une atteinte des structures frontales, une appréciation altérée de l'humour non simple et une compulsion à la plaisanterie désinhibée. » Pour le spécialiste, « cette pratique altérée de l'humour due à une blessure frontale latérale droite et à une désinhibition liée à des dommages orbitofrontaux entraîne une humeur désinhibée, activant préférentiellement les centres de récompense limbiques et sous-corticaux. Un dysfonctionnement supplémentaire du circuit frontal-sous-cortical peut favoriser la plaisanterie pathologique en tant que compulsion ». Derek répond parfaitement à ce tableau puisqu'il a fait, à 5 ans d'intervalle, deux AVC, l'un au niveau du lobe frontal droit, l'autre dans la région du noyau caudé gauche. C.Q.F.D. Vous voulez le plus drôle ? L'histoire ne dit pas si la maladie de Derek peut être soignée…
La maladie du jeu de mots
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Publié le 08/09/2022
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien
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