Alors que la saison des champignons bat son plein, les sociétés de mycologie alertent sur l’usage des applications qui ne sauraient remplacer le conseil avisé du pharmacien ou de mycologues.
« Ne vous fiez pas aux applis ! », c’est le message que délivre Gilbert Bonthoux, officinal isérois et professeur de pharmacologie à l’université de Grenoble. Comme tous les ans, à l’automne, le pharmacien retraité depuis le début de l’année multiplie les messages de prévention et les réunions d’information auprès des cueilleurs amateurs. « Les applications, même l’une des plus fiables comme pl@ntnet, sont intéressantes pour identifier le champignon mais en aucun cas cette consultation ne donne un blanc-seing pour consommer. D’ailleurs, ces applications indiquent en général un pourcentage d’erreur dont malheureusement le public ne tient pas toujours compte », déplore Gilbert Bonthoux, également membre de la mycoliste, un réseau qui met en relation les centres antipoison avec des mycologues confirmés.
Autre erreur commise régulièrement par les cueilleurs, la consommation de champignons détériorés. « Elle est à l’origine d’au moins la moitié des cas d’intoxications répertoriés par nos sociétés de mycologie. En général, elle provoque vomissements et diarrhées », remarque Yves Courtieu, président de la Fédération mycologique et botanique Dauphiné-Savoie (FMBDS). De nombreuses intoxications résultent d’une méconnaissance des champignons. Sur les quelque 1 000 cas graves relevés en cinq ans par Yves Courtieu au niveau national, les plus graves – environ une cinquantaine - se sont soldés par des greffes de rein ou de foie, notamment à la suite d’une ingestion d’amanite phalloïde. « Elle est souvent confondue avec d’autres amanites ou certains tricholomes », relève Yves Courtieu.
Si l’usage des applis se répand, c’est qu’il répond à un besoin d’informations à l’heure où la transmission ne se fait plus dans les familles, y compris en milieu rural. La consultation d’un pharmacien est devenue moins systématique. Des lacunes sont également à déplorer au sein de la profession qui, en tout et pour tout, bénéficie d’une trentaine d’heures de mycologie dans son cursus, rappelle Gilbert Bonthoux. « Si le pharmacien n’a pas l’occasion de pratiquer, il perd l’occasion d’entretenir ses connaissances », constate-t-il. De plus, de nombreux pharmaciens mycologues, comme lui, partent à la retraite. Il conseille par conséquent aux pharmaciens interrogés par des cueilleurs néophytes de s’adresser à l’une des cinquante sociétés de mycologie répandues sur le territoire agréées par la FMBDS.
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