Plusieurs approches complémentaires portées par des écoles de spécialistes ayant des thèmes de recherche différents (psychologues, neurobiologistes) envisagent les rapports entre l’homme et ses dépendances.
Approches comportementales. Elles permettent l’élaboration de critères diagnostiques, dont les plus largement utilisés sont ceux proposés par le psychiatre américain Aviel Goodman en 1990. Ces critères définissent le trouble addictif comme un processus par lequel un comportement, susceptible de permettre la production d’un plaisir et le soulagement d’une sensation de malaise, s’organise selon des modalités qui incluent à la fois une perte de contrôle et sa pérennisation malgré ses conséquences négatives.
Les addictions se caractérisent par le développement d’une tension émotionnelle avant le passage à l’acte (qu’il s’agisse de l’usage d’une drogue ou d’une pulsion comportementale), par une phase d’euphorie et de bien-être accompagnant sa réalisation puis par l’apparition d’un sentiment de culpabilité après. La fréquence et l’intensité des comportements augmentent pour satisfaire le besoin (tolérance) avec perte de contrôle et apparition de signes de « manque » lorsque le comportement ne peut être réalisé : la vie du sujet dépendant finit par être envahie par sa pratique addictive.
Approches psychodynamiques. Elles livrent des hypothèses quant à la fonction de l’addiction pour un individu donné, en référence à son développement psychoaffectif. Les conduites addictives constitueraient un mode d’achoppement du travail psychique de l’adolescence et, en particulier, du processus de séparation-individuation dans un contexte de failles psychoaffectives précoces.
Approches neurobiologiques. Les conduites addictives impliquent les voies dopaminergiques issues du noyau tegmental ventral du thalamus et se projetant sur le nucleus accumbens. Existant chez tous les vertébrés, ce « circuit de récompense » est indispensable à la survie car il produit la motivation indispensable à la réalisation d'actions ou de comportements adaptés, permettant de préserver l'individu et l'espèce (recherche de nourriture, reproduction, évitement des dangers…). Il associe trois composantes : affective (plaisir provoqué par les « récompenses » ou déplaisir provoqué par les « punitions »), motivationnelle (motivation à obtenir la « récompense » ou à éviter la « punition »), cognitive (apprentissages généralement réalisés par conditionnement). La neurobiologie s’intéresse aussi beaucoup au déterminisme génétique des conduites addictives et vise à déterminer le rôle joué par les différents neuromédiateurs dans la genèse de ces comportements.
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