Le sujet peut choquer. Surtout dans un journal destiné à des professionnels de santé. Mais pour faire avancer la science, aucun tabou ne doit tenir. C'est sans doute ce que se sont dit les chercheurs auteurs de l'article paru en mai dans le « Journal of urology ». Intitulé « Est-il temps que les spécialistes de la médecine pelvienne féminine et de la chirurgie reconstructive (FPMRS) prescrivent des vibromasseurs ? », la publication explore les indications des sex-toy bien au-delà du plaisir qu'ils procurent…
En pratique, les spécialistes ont évalué l’utilisation thérapeutique du jouet sexuel, en se penchant sur de nombreuses études précédemment publiées (549 au total). Ils ont effectué une revue systématique des bases de données PubMed, clinicaltrials.gov, Ovid et Cochrane depuis leur création jusqu'en juillet 2021. Pour leur recherche, les mots-clés « sex-toy », « vibrateur pelvien », « stimulation par vibrateur sexuel », « vaginal vibromasseur », « plancher pelvien vibromasseur », « incontinence vibratoire » avaient été choisis. Leur analyse révèle l’intérêt de l’utilisation du vibromasseur à plusieurs niveaux : pour entretenir les muscles du plancher pelvien, prévenir l’incontinence urinaire, ou encore prendre en charge la vulvodynie (affection caractérisée par une douleur vulvaire chronique). Les auteurs ont ainsi estimé que « la stimulation vibratoire avait pu améliorer la force des muscles du plancher pelvien, la vulvodynie et l'incontinence ».
« Compte tenu des avantages potentiels des vibromasseurs pour la santé pelvienne, leur recommandation aux femmes devrait faire partie de notre arsenal de traitement des troubles du plancher pelvien », concluent Alexandra Dubinskaya et son équipe, qui espèrent que de prochaines recherches seront consacrées à l’utilisation thérapeutique de cet objet jusqu’à présent considéré uniquement comme un sex-toy.
En Suisse et en Allemagne, des jouets sexuels ont déjà fait leur apparition (parfois fugace) dans les officines. Pas sûr, en revanche, que le coquin petit canard pointe le bout de son bec sur les rayons des pharmacies françaises…
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Christelle Degrelle