Comme dans les grandes et moyennes surfaces, les clients ont du mal à supporter les files d’attente en pharmacie. Déjà habitués à scanner et payer avec une carte de crédit leurs achats sur des caisses automatiques, les patients - pas seulement jeunes - sont aujourd’hui prêts à régler de la même façon leurs produits hors ordonnance en officine. C’est ce que pense BD Rowa, spécialiste allemand de l’automatisation. Fort de son succès dans les « Apotheken », il a installé, dès janvier 2022, plusieurs bornes de paiement autonome (BD Rowa Self-Checkout) dans la grande pharmacie parisienne Bailly de la gare Saint-Lazare.
10 000 euros la caisse automatique
Dotées d’une interface utilisateur intuitive et d’une technologie scanner récente, ces bornes existent en deux modèles - mural et sous forme d’écran de comptoir - et coûtent environ 10 000 euros pièce. Selon Mathilde Clément, titulaire de cette pharmacie transférée de la rue de Rome où elle occupait deux fois plus d’espace, cette « délocalisation » du paiement a contribué « à faire mieux dans du plus petit »*. Elle a fait gagner des clients et du temps et permis « au personnel de se consacrer désormais exclusivement au conseil » et ainsi de se valoriser.
Une partie non négligeable du flux quotidien de clients est en effet absorbée rapidement par les caisses automatiques, ce qui, dans une pharmacie située aux abords d’une gare où les patients sont le plus souvent pressés, est un gros atout. Comme ses confrères allemands équipés des mêmes bornes, la pharmacienne ne pourrait plus s’en passer et, pour rien au monde, ne reviendrait en arrière. Autre avantage pour le personnel et donc pour l’officine : « le temps gagné permet de dégager une disponibilité nouvelle. Tous les salariés disposent ainsi de 2 heures de formation toutes les trois semaines. »
« Standalone » ou « comptoir »
Krystal est une autre gamme de bornes d’encaissement en libre-service simples d’emploi, conçue et développée par Aures Technologies, constructeur informatique de solutions matérielles, digitales et applicatives pour tous les secteurs du point de vente.
Proposées aux pharmaciens au printemps 2022, ces bornes sont disponibles en deux versions dotées d’un écran tactile Yuno Kiosk de 15 pouces (format paysage) ou de 21 pouces (format portrait ou paysage au choix). Une version « standalone » sur pied, équipé en option d’une platine de stabilisation pour une intégration sans aucune fixation. Et, pour les espaces restreints, une version « comptoir » ultra-compacte, à poser sur le comptoir ou à intégrer au mobilier. Ultralégères, d’encombrement réduit et au design sobre, les bornes Krystal sont fabriquées en France. Créé en 1989, le Groupe Aures, qui a une assise mondiale avec des filiales dans plusieurs pays, dont les États-Unis, et des partenaires dans une soixantaine d’autres, compte bien conquérir le marché des pharmacies françaises.
Plusieurs bornes Krystal sont déjà installées à la Défense (Paris), dans le Sud, en Corse et d’autres vont suivre. Aujourd’hui, si les retours sont positifs, le véritable frein est le prix de ces différentes bornes qu’il faut être sûr d’amortir…
Dermatoscope et miroir connecté
Les bornes installées en pharmacie peuvent avoir d’autres fonctions que le paiement autonome, intéressantes pour la réputation ou le conseil. Pour sa part, Tessan, une société française spécialisée dans la téléconsultation augmentée créée en 2018, équipe, pour plus de fiabilité, les cabines et les bornes connectées qu’elle installe dans les pharmacies de plusieurs dispositifs médicaux dont un dermatoscope. Ce système d’éclairage destiné à aider le médecin à faire des observations plus précises des lésions de la peau, permet au dermatologue d’établir à distance un diagnostic en gagnant parfois un temps précieux pour le traitement. Ou bien de contrôler régulièrement des peaux à risque pour dépister une éventuelle anomalie. Rappelons qu’en France, le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue est de 95 jours…
Il suffit pour le patient de placer le dermatoscope connecté sur la zone de peau à examiner. En pratique, il est cependant conseillé au pharmacien de l’assister car trouver la molette et la tourner tout en gardant le dermatoscope placé sur la zone à inspecter n’est pas toujours évident.
Le miroir de beauté connecté, mis au point avec les start-up CareOs et Revieve et testé pendant deux ans au sein du LAB, le concept-store toulousain du laboratoire Pierre Fabre, est également un outil de diagnostic de peau (et de cheveux) mais uniquement à visée dermocosmétique. Deux grandes pharmacies françaises en sont équipées depuis plus de six mois - Cap 3 000 à Saint-Laurent du Var et Carré Opéra à Paris -, une autre à Bordeaux (pharmacie Sainte-Catherine) le sera ce mois-ci.
Le maniement est simple et ludique : après une série de questions personnalisées (âge, routine de soins, attentes…), le miroir connecté, baptisé « Mon beau miroir », analyse la peau du (de la) client(e) à partir d’une photographie de son visage et dresse une cartographie de différents items : acné, rides, brillance, rougeurs, éclat, grains, taches… En à peine 5 secondes, un algorithme d’intelligence artificielle permet au miroir magique de comparer le portrait de la personne à des milliers de photos et de conseiller des produits de soin adaptés, choisis dans les différentes marques du groupe castrais. Une manière d’animer le point de vente et de booster les ventes. Les équipes officinales qui l’utilisent disent s’en servir comme d’un véritable levier de conseil et, selon l’équipe du LAB, « les clientes sont enchantées de vivre cette expérience personnalisée et prêtes à patienter pour attendre leur tour ». D’où l’idée d’une nouvelle expérience autour du sourire avec la marque OralCare reposant sur le diagnostic de blancheur des dents, en comparant le blanc des yeux et celui des dents et en analysant un questionnaire sur les habitudes de consommation (aliments, tabac…). À suivre.
* Lire notre édition du 11 janvier 2022.
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