Où sont les femmes ?
Avec une population de pharmaciens majoritairement féminine (67 % en 2019, chiffre alors en augmentation), elles sont là ! Parmi les sections les plus féminisées, on retrouve la section D qui est celle des adjoints d’officine (81 % de femmes) et la section H des établissements de santé (75 % de femmes dans ce secteur attractif, où le nombre d’arrivées est supérieur au nombre de départs). Dans la section A, elles sont moins présentes, avec tout de même 55 % de pharmaciennes titulaires. C’est dans la section C (secteur de la distribution) qu’elles sont le moins représentées avec 52 % des femmes. En revanche, elles progressent en section B (secteur de l’industrie pharmaceutique) puisqu’elles sont passées de 57 % en 2009 à 64 % en 2019 et en section G (secteur de la biologie) où elles sont passées de 56 % à 60 %.
Focus sur la section D
La section D est occupée par une population jeune (1/3 ont moins de 35 ans) et féminisée (81 % de femmes). À noter aussi, un passage vers la section D en milieu de carrière, dû à l’augmentation du nombre des ventes et des regroupements d'officines favorisant l’inscription des anciens titulaires vers la section D. Les femmes choisissent d’être adjointes pour plusieurs raisons :
- L’évolution du métier ces dernières années offre de nombreuses possibilités. Les nouvelles missions (entretiens pharmaceutiques, bilans partagés de médication, vaccination, référent EHPAD) valorisent le métier de pharmacien adjoint par la diversité et les différentes responsabilités qu’il offre.
- Le début de carrière en tant qu’adjoint peut être un tremplin vers la titularisation même si d’après les dernières données les hommes s’installent plus et plus rapidement que les femmes.
- La fonction d’adjoint semble offrir la possibilité de rester à son poste puisque les femmes auraient tendance à demeurer plus longtemps dans la même officine que les hommes.
- Le poste d’adjoint permettrait aussi de choisir son temps de travail. En effet, les femmes occupent moins de temps pleins que les hommes (59 % versus 74 %). La part du temps partiel concerne 41 % des pharmaciennes de la section D (40 % en officine et jusqu’à 80 % dans les autres exercices non officinaux de la section D, à savoir les pharmaciens chargés de la dispensation des gaz à usage médical, les pharmaciens conseils de l’assurance-maladie, les pharmaciens relevant des équipes mobiles de soins…).
- Le bassin d’emploi facilite aussi le choix du lieu de l’exercice. La mobilité territoriale des pharmaciens adjoints est faible (seulement 28 % exercent dans une région autre que celle où ils ont obtenu leur diplôme, et même 15 % en Corse), ce qui démontre que les adjointes ont la possibilité de choisir leur lieu de travail : rester dans leur région ou, a contrario, être mobile.
Tous ces arguments ont joué dans les choix de Mme B, pharmacienne adjointe dans le Finistère depuis une quinzaine d’années : « J’ai choisi le métier d’adjoint pour le contact avec les gens et ce qu’on leur apporte. En faisant le choix de ne pas m’installer, j’ai évité la partie " gestion " d’une officine, ce qui me permet de conserver le cœur du métier de pharmacien, de prendre le temps de former l’équipe et d’améliorer l’assurance-qualité de l’officine. Je n’aurais jamais imaginé ni souhaité il y a 15 ans réaliser en tant qu’adjointe des tests antigéniques, des vaccinations contre la grippe et le Covid, mais finalement on s’adapte, on se prend au jeu et on est heureux d’apporter notre pierre à l’édifice ! Le poste d’adjoint, pour moi, comparé à celui de titulaire, offre un confort de vie grâce au temps partiel et une liberté d’esprit en rentrant du travail, ce qui me permet de me consacrer pleinement à ma famille. »
Quel âge ont-elles ?
35 % des femmes pharmaciennes ont moins de 40 ans (versus 30 % chez les hommes) et 15 % des femmes ont plus de 60 ans (versus 23 % chez les hommes), avec un allongement de carrière constaté, les hommes partant toutefois plus tard à la retraite que les femmes. On observe un pic dans les tranches d’âge 55 à 59 ans et 30 à 34 ans.
Quid de la parité homme-femme
Si les secteurs de l’officine démontrent que la femme trouve facilement sa place, les postes à responsabilité sont-ils ailleurs encore difficiles à atteindre pour les femmes ? C’est ce qu’explique Marina Nguon, pharmacien responsable du secteur vigilance des essais cliniques aux Hospices civils de Lyon. Si son parcours très diversifié, la multiplication des diplômes et sa persévérance lui ont permis d’accéder à un poste correspondant pleinement à ses choix de carrière, les chiffres de l’association féminine du personnel médical aux Hospices civils de Lyon dont elle fait partie (2), sont parlants : « Seulement 12 % des responsables de pôles médicaux et 27 % des chefs de service sont des femmes ! Dans des postes plus administratifs de recherche clinique, l’environnement est majoritairement féminin mais dans les services plus cliniques, les supérieurs sont encore principalement des hommes. Souvent, un homme postule plus facilement à un poste alors qu’il n’a pas toutes les compétences requises tandis qu’une femme disposant de tous les diplômes et des qualités nécessaires se posera la question de la légitimité de sa candidature avant de postuler », constate-t-elle.
Des carrières entières
De nos jours, tandis qu'on a désormais plusieurs métiers dans une vie professionnelle, le métier de pharmacien semble encore occuper toute une carrière. En effet, aux chiffres de radiation de l’Ordre, correspondent majoritairement des départs en retraite et des changements de lieux d’exercice. La radiation pour changement d’activité, quant à elle, est rare, sans compter que certaines sont liées à des orientations vers d’autres activités de pharmaciens qui ne nécessitent pas une inscription à l’Ordre (certains domaines de l’industrie, communication, marketing, journalisme scientifique…). Une carrière souvent complète donc, et qui doit sûrement beaucoup à la diversité et à la diversification du métier.
Rares, mais également possible, sont les départs à l’étranger. Une voie choisie par Sophie Salomon, pharmacienne à Genève : « J’ai d’abord suivi l’option officine pour la mobilité. Puis déménager en Suisse m’a permis de devenir gérante d’une officine tout en étant salariée : je peux ainsi me concentrer sur le cœur du métier de pharmacien auprès du patient sans devoir gérer les salaires, les factures, les négociations, ce qui offre un certain confort. De plus, le métier y est très varié : nous réalisons encore beaucoup de préparations, nous pouvons désormais vacciner et effectuer des prises de sang, la phytothérapie et l’aromathérapie sont également des secteurs très développés dans la plupart des officines. »
1) Chiffres issus de la Démographie des pharmaciens, panorama au 1er janvier 2020, par l’Ordre des Pharmaciens
2) Association qui vise à promouvoir les postes à responsabilité auprès des femmes et à les conseiller, les soutenir et les orienter dans leur carrière universitaire et/ou hospitalière (AFPM-HCL)
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