Parasitologie et lutte antivectorielle

Gare aux passagers clandestins !

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Publié le 25/05/2023
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« Mieux vaut être seul que mal accompagné », dicton d’autant plus vrai quand on revient de voyage avec dans sa valise ou dans son corps des parasites ou des bactéries non désirés. Un client averti en vaut deux…
Flavivirus (groupe togavirus), virus provoquant la fièvre jaune, la dengue mais aussi l'encéphalite japonaise.

Flavivirus (groupe togavirus), virus provoquant la fièvre jaune, la dengue mais aussi l'encéphalite japonaise.
Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Paludisme

5 500 cas de paludisme sont importés chaque année en France ! Cette maladie infectieuse parasitaire due à Plasmodium et transmise par les moustiques du genre Anopheles se manifeste par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, avec des symptômes assez semblables à un syndrome grippal, puis des cycles typiques d’accès palustre. Le neuropaludisme est une complication grave propre à P. falciparum, pouvant aller jusqu’au décès.

La prévention à adopter dépend des pays et comprend :

- chimioprophylaxie : atovaquone-proguanil, méfloquine, doxycycline (la chloroquine n’est plus recommandée depuis 2022) ;

- port de vêtements couvrants, de chaussettes, de chaussures fermées ;

- lutte antivectorielle avec l’utilisation d’une moustiquaire imprégnée de perméthrine (l’imprégnation des vêtements par la perméthrine n’est plus recommandée que pour des groupes de population particuliers (réfugiés, militaires), en l’absence d’accès aux moustiquaires imprégnées) et de répulsifs contre les moustiques. À noter : les anophèles piquent habituellement entre le coucher et le lever du soleil.

Toute fièvre au retour des tropiques doit être considérée a priori comme un paludisme jusqu’à preuve du contraire et nécessite une consultation en urgence pour l’instauration d’un traitement le plus tôt possible.

Dengue et chikungunya

Pas le même moustique mais presque le même combat. À savoir se protéger par le port de vêtements adaptés et l’utilisation de répulsif. À noter quand même : les moustiques vecteurs de la dengue et du chikungunya piquent dans la journée ou en début de soirée.

Tiques

Pas besoin d’aller loin pour rencontrer des tiques. La maladie de Lyme est la première maladie vectorielle de l’hémisphère nord (en France, les régions les plus touchées sont l’Alsace, la Lorraine, le Limousin, l’Auvergne, Rhône-Alpes). Après la piqûre par la tique porteuse de Borrelia (activité saisonnière maximale entre avril et octobre), et une incubation de 7 à 14 jours en moyenne, la maladie se manifeste d’abord par un érythème migrant (marqueur diagnostique), puis par des manifestations neurologiques (paralysies, radiculites), rhumatologiques (arthrites), dermatologiques (acrodermatite atrophiante)… En prévention, on conseillera de :

- porter des vêtements longs et clairs pour mieux repérer les tiques ;

- éviter de marcher au milieu des herbes hautes ou des buissons, et privilégier les chemins balisés ;

- utiliser des répulsifs cutanés ;

- s’inspecter scrupuleusement au retour de promenades ;

- en cas de piqûre, détacher immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique (pas d’éther) et désinfecter la plaie. Surveiller la peau pendant 4 à 8 semaines.

Punaises de lit

La punaise aussi peut se faire une petite place dans les vêtements et les bagages et venir infester le domicile au retour d’un voyage ! Au retour, en cas de doute, nettoyer à l’aspirateur les vêtements et bagages (nettoyer le conduit de l’aspirateur car les punaises peuvent en ressortir), laver les vêtements à 60 °C ou procéder à un nettoyage vapeur à 120 °C qui détruit tous les stades de punaises (congélation possible aussi).

Parasites de l’intestin

Pas très sympathiques non plus : ces parasites qui viennent coloniser l’intestin (Entamoeba histolytica, Giardia intestinalis…) et provoquer 5 à 10 % des diarrhées du voyageur (80 % étant bactériennes et 10 à 15 % étant virales). Pour éviter de les ramener avec soi (la diarrhée peut persister plusieurs semaines après le retour), la prévention repose sur des mesures d’hygiène (lavage des mains, consommation d’eau encapsulée ou rendue potable par ébullition ou désinfection chimique, consommation de fruits lavés et pelés, d’aliments bien cuits…).

Co-baigneurs

En eau douce, les baignades ou loisirs aquatiques exposent à des infections (leptospirose, bilharziose, infection à l’amibe Naegleria fowleri…). En prévention, respecter notamment les mesures d’interdiction de baignade dans les eaux douces, ne pas se baigner en cas de lésions cutanées…

La dermatite des baigneurs, ou « puce du canard », quant à elle, est due à la pénétration à travers la peau des cercaires de certains parasites. C’est une affection cutanée bénigne (même si la réaction est souvent violente : picotements, puis plaques rouges et vésicules), pouvant être à l’origine d’un phénomène d’allergie. L'utilisation d'un répulsif antimoustique aurait une action contre les larves. Pour réduire les risques, la prise d’une douche après la baignade, le séchage vigoureux du corps avec une serviette après le bain diminuerait les risques.

 

Céline Longeard

Source : Le Quotidien du Pharmacien