Cellules souches : les mères de toutes les cellules
Tout un pan de la thérapie cellulaire s’appuie sur l’emploi de cellules souches et sur leur extraordinaire capacité à se multiplier sans limite et à se différencier en différents types de cellules spécialisées. Selon le milieu de culture, elles peuvent se transformer, par exemple, en cellules sanguines, cérébrales, hépatiques…
On distingue :
- Les cellules totipotentes, issues des toutes premières divisions de l’œuf fécondé (jusqu’au 4e jour) et qui ont le plus haut potentiel de différenciation.
- Les cellules pluripotentes, également appelées cellules souches embryonnaires, qui sont issues d’un embryon de 5 à 7 jours suivant une fécondation in vitro (elles sont prélevées sur des embryons surnuméraires). Elles sont susceptibles d’engendrer des cellules représentatives de tous les tissus de l’organisme, sauf les annexes embryonnaires (placenta…).
- Les cellules multipotentes, issues de tissus fœtaux ou adultes, elles ne peuvent donner naissance qu’à un nombre restreint de types cellulaires, spécifiques d’un lignage donné. Parmi celles-ci, les cellules mésenchymateuses sont présentes dans tout l’organisme au sein du tissu adipeux, de la moelle osseuse, des tissus de soutien des organes, des os, des cartilages, des muscles et peuvent se différencier en cellules cartilagineuses, osseuses, graisseuses, musculaires…
Enfin, le prix Nobel a couronné l’obtention par le Pr Yamanaka (Japon) des cellules souches, dites IPS à partir de cellules somatique adultes par l’introduction de certains facteurs de transcription en leur sein.
Les cellules souches prélevées sur le patient (cellules autologues) ne posent pas de problème de compatibilité après réinjection des cellules différenciées, ce qui peut ne pas être le cas si celles-ci proviennent d’un donneur (cellules allogènes), avec un risque de rejet de greffe ; ce qui peut impliquer le suivi d’un traitement immunosuppresseur par le receveur. Néanmoins, les cellules souches embryonnaires sont faiblement immunogènes et les cellules souches mésenchymateuses n’expriment que faiblement les marqueurs HLA et sécrètent même des facteurs immunosuppresseurs rendant inutile un traitement immunosuppresseur externe.
S’agissant des cellules IPS, des chercheurs pour anticiper ce problème, ont entrepris de constituer des banques de cellules classées selon leur profil immun (HLA).
Insuffisance cardiaque et thérapie génique : point d’étape
L’insuffisance cardiaque secondaire à l’infarctus myocardique fait l’objet de nombreuses tentatives de thérapie cellulaire.
Les cellules souches mésenchymateuses (isolées du tissu adipeux), créditées de propriétés anti-inflammatoires, angiogéniques et immunomodulatrices, font l’objet d’un nombre considérable d’essais ; avec l’avantage qu’il est admis que leur présence dans le tissu greffé n’est que transitoire (ce qui rend possible le recours à des donneurs) et leur mécanisme d’action essentiellement paracrine (action limitée aux tissus voisins). Un essai mené avec l’ixmyelocel-T (injections endoventriculaires gauches) a montré une baisse de la mortalité chez des patients présentant une insuffisance cardiaque ischémique, mais sans bénéfice sur la fonction ventriculaire gauche.
D’autres approches consistent dans des transplantations de cellules « à vocation cardiaque ». Elles mettent à profit, notamment, des cellules souches cardiaques (prélèvement de cellules chez le patient, multiplication in vitro puis réinjection par voie intracoronaire), des cellules souches pluripotentes embryonnaires humaines différenciées en progéniteurs cardiovasculaires et des greffes de cellules utilisées comme vecteurs de facteurs biologiques capables d’activer des voies de réparation endogènes.
À ce stade, même si les premiers essais n’ont en général pas mis en évidence une amélioration cliniquement pertinente, ils ont généré une masse considérable d’informations qui conduit à penser que la thérapie cellulaire finira probablement par trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique de l’insuffisance cardiaque.
Cancer : la révolution en marche des CAR-T cells
Les CAR-T cells (Chimeric Antigenic Receptor - T) sont une stratégie cellulaire en plein développement. Il s’agit d’une nouvelle forme d’immunothérapie reposant sur la modification génétique des propres lymphocytes T du patient. Ces cellules, créées par l’introduction ex vivo d’un gène entraînant l’apparition d’un récepteur particulier, acquièrent la capacité de reconnaître de manière spécifique certains antigènes tumoraux, de s’y fixer et de détruire les cellules cancéreuses. Les résultats montrent une efficacité allant jusqu’à 80 % dont 30 à 40 % de guérison, selon l’indication, ce qui est inédit.
En pratique, le traitement se déroule en deux étapes :
- Prélèvement de lymphocytes du patient par leucaphérèse, congélation, envoi au laboratoire (aux États-Unis), modification génétique et expansion par culture (l’ensemble de ces opérations demande environ 4 semaines).
- Courte chimiothérapie (3 jours), puis injection des CAR-T cells, surveillance à l’hôpital pendant 3 semaines environ.
Deux médicaments anti-CD19 sont autorisés et pris en charge en France : l’axicabtagene ciloleucel - Yescarta (lymphome diffus à grandes cellules B, lymphome médiastinal primitif à grandes cellules B) et le tisage lecleucel - Kymriah (leucémie aiguë lymphoblastique à cellules B, lymphome diffus à grandes cellules B). Arrivée prochaine annoncée d’un autre produit de ce type ciblant le myélome.
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