Ennemi pour l’atopie
La dermatite atopique résulte d’une anomalie génétique des constituants de la barrière cutanée qui devient dysfonctionnelle, contexte auquel s’ajoutent des phénomènes inflammatoires. Moins performant, le bouclier en surface laisse s’échapper l’eau des tissus et une sécheresse constitutionnelle s’installe, favorisant les poussées de la maladie. Cette situation va bien sûr s’aggraver, pour une majeure partie des personnes atopiques, sous l’effet des conditions climatiques caractéristiques de l’hiver. Ainsi, le vent et un air froid plus sec vont accentuer la sécheresse cutanée s’additionnant à d’autres facteurs, les changements brusques de températures lorsque l’on passe soudainement d’un espace chauffé à un extérieur glacé, la prise de douches trop chaudes, les frottements répétés des vêtements qui irritent l’épiderme.
Les conséquences du froid sur les peaux lésées peuvent heureusement être maîtrisées par l’adoption de gestes simples d’hygiène et de soin : limiter le contact avec l’eau en n’effectuant pas plus d’une douche – pas trop chaude - par jour en utilisant des produits de toilette non agressifs (pain dermatologique, syndet, huile nettoyante) ; multiplier les applications de crème émolliente à la texture riche (baume), formulée pour les peaux atopiques (contenant des actifs apaisants, antigrattage et un minimum d’ingrédients - sans parfum, conservateurs ou allergènes…) afin de restaurer l’hydratation cutanée ; se protéger du froid en portant des vêtements chauds (ne pas porter de laine à même la peau) ; éviter les grands changements de température.
Sans effet sur le psoriasis
Autre maladie chronique inflammatoire de la peau, le psoriasis ne relève d’un terrain génétique que dans 30 % des cas. Dans sa forme la plus courante, cette affection voit l’apparition de plaques inflammatoires rouges, squameuses voir kératosiques sur les zones convexes (coudes, genoux, lombes, cuir chevelu). Si les conditions hivernales n’aggravent pas les symptômes du psoriasis, elles ne lui sont pas non plus favorables, l’exposition au soleil, plus rare à la saison froide, apportant généralement une amélioration à l’état de la peau. Celle-ci bénéficiera, comme dans le cas des atopiques, d’une hygiène douce et de soins adaptés : émollient quotidien contenant de l’urée, de préférence, pour son effet hydratant et légèrement kératolytique qui sera apprécié des peaux psoriasiques.
Sans effet sur la dermite séborrhéique
La prolifération de malassezia furfur – un champignon naturellement présent dans la flore cutanée – est la cause de la dermite séborrhéique. Le germe affectionne les zones riches en sébum comme le cuir chevelu, les sourcils, les ailes du nez, les sillons nasogéniens, la zone pré-sternale où il provoque l’apparition de plaques rouges et squameuses. Des manifestations sur lesquelles le froid, le vent, l’air vif n’ont pas d’influence particulière. Seuls le soleil et son action anti-inflammatoire peuvent apporter une amélioration à l’état des peaux touchées par cette dermatose qui, en revanche, se trouve aggravée par le stress.
Ennemi pour la rosacée
La rosacée est caractérisée par un état inflammatoire de la peau mais n’a pas de lien avec la sécheresse cutanée. Au premier stade de la dermatose, des flushs apparaissent sur le visage dans des situations aussi diverses qu’un changement de température, une émotion, la prise d’alcool ou d’une nourriture épicée (…) qui favorisent la dilatation des vaisseaux. À un stade léger, des rougeurs permanentes s’installent parfois associées à des vaisseaux dilatés. Enfin, quand la rosacée se fait plus sévère, des papulopustules qui grattent peuvent se former sur les rougeurs.
Ces peaux très sensibles, intolérantes, facilement irritées voient évidemment leurs symptômes s’aggraver sous l’emprise des conditions hivernales : basses températures, vent, passage brutal du chaud au froid… Tout comme pour les sujets atopiques, l’objectif sera de soulager la sécheresse et la sensibilité cutanées de ces profils hyperréactifs. On utilisera une cosmétique adaptée, conçue pour apaiser et hydrater, aux compositions minimalistes, sans parfums, sans alcool et, si possible, sans conservateurs (cosmétique stérile) ainsi que des produits d’hygiène très doux, sans savon. On veillera autant que possible à limiter les facteurs favorisant l’irritation cutanée en se protégeant du froid, en laissant le temps à la peau de s’adapter au changement brutal de température quand on le peut (en restant un moment dans un sas d’entrée par exemple).
Sans réel effet sur l’acné
Les peaux acnéiques pourraient bénéficier quelque peu du climat hivernal, un air froid et sec étant moins propice à la sécrétion de sébum, problématique majeure de ces dermatoses, alors qu’une atmosphère chaude et humide l’aggrave souvent. La saison la plus difficile pour ces profils est souvent la rentrée des classes, période à laquelle l’effet rebond les guette, souvent après une amélioration très transitoire l’été sous l’effet anti-inflammatoire des UV.
Différents facteurs se combinent alors : obstruction des pores par l’accumulation de sébum et épaississement de la peau durant l’été, disparition de l’exposition aux UV alors que les températures encore élevées de septembre restent propices à la sécrétion de sébum. En hiver, cependant, la sécheresse de l’air - plus que le froid - va réduire la sécrétion séborrhéique. Un facteur à double tranchant puisque ces conditions climatiques risquent d’amoindrir la tolérance cutanée face aux traitements de l’acné. Pour préserver autant que possible leurs épidermes fragilisés, les sujets acnéiques doivent respecter quelques règles simples : suivre régulièrement leur traitement pour éviter l’effet de rupture et ses conséquences ; utiliser des produits d’hygiène doux pour ne pas décaper l’épiderme, ce qui stimulerait par rebond la sécrétion de sébum ; ne pas faire l’impasse sur l’hydratation de la peau tout particulièrement en hiver. Les produits de soin doivent être adaptés aux peaux acnéiques, textures de gel-crème ou crèmes légères contenant peu de phase grasse, formules non comédogènes, actifs apaisants et, si possible, favorisant un microbiome équilibré.
Sujet réalisé en collaboration avec le Dr Marina Alexandre, dermatologue, consultante La Roche-Posay.
Article précédent
Existe-t-il une météo des virus ?
Prescriptions de saison
L’officine, gare de triage ?
Quelques conseils pour passer l'hiver sans encombre
Pourquoi la saison 2022/2023 impose une nouvelle donne vaccinale
Pénurie de personnel, ruptures de stock : se préparer à la saison froide
Divers problèmes d'hiver
Gastro-entérites : comment s’en prémunir ?
Existe-t-il une météo des virus ?
Basses températures, amies ou ennemies des dermatoses ?
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %