« FLIRTANT avec les 80 % de substitution, le marché français du générique joue désormais dans la cour des grands d’Europe ». C’est le directeur de l’offre de soins à la CNAMTS, Jean-Pierre Robelet, qui le dit. N’empêche. Indéniablement, le marché de la copie de princeps marque un peu le pas en 2009. Mais, au terme de dix années d’efforts de substitution et de lancements réussis, ce léger tassement de la courbe est à mettre en perspective. Depuis les ordonnances Juppé de 1996 - qui sont un peu l’acte de naissance de ce marché -, à aujourd’hui, les dispositifs d’incitation se sont en effet multipliés avec un seul objectif : promouvoir toujours et encore le médicament générique pourvoyeur d’économies. Droit de substitution accordé aux pharmaciens, campagnes de sensibilisation du public, accords avec les médecins, objectifs de substitution, TFR, accords tiers payant contre générique, ou, plus récemment, les contrats d’amélioration des pratiques professionnelles (CAPI), tous les moyens ont été mis en œuvre pour convaincre patients, médecins et pharmaciens du bien-fondé de la politique générique. En huit ans, ces médicaments ont généré pas moins de 5,6 milliards d’euros d’économie pour les comptes de l’assurance-maladie. Aurait-on aujourd’hui atteint les limites ? Pas sûr. « Le marché du générique est encore en devenir et devrait continuer de croître », déclare en effet au « Quotidien » l’économiste de la santé, Claude Le Pen. Pour les acteurs du générique l’espoir est donc permis. Ce sursaut de croissance s’appuiera sur l’extension du répertoire et sur la chute prochaine dans le domaine public de plusieurs grosses molécules, prédit l’économiste. Enfin, aux frontières du générique, il faut aussi compter sur l’arrivée des biosimilaires, véritables « blockbuster de niche », qui prouvent, s’il en était besoin, que l’échéance des brevets ne signe pas forcément la fin de la recherche et de la haute technicité.