Un tiers des patients arrêtent de prendre leur médicament parce que la couleur du comprimé est différente. La forme change et ce sont deux tiers des malades qui interrompent leur traitement. Ces chiffres, issus d’une étude publiée dans Annals of Internal Médecine en 2014, témoignent de la méfiance des patients vis-à-vis du moindre changement d’aspect de leur traitement, en particulier avec les médicaments génériques. Doute sur leur efficacité et risque de confusion, deux arguments souvent entendus au comptoir amenant les malades à arrêter leur traitement.
Pour restaurer la confiance des patients et faciliter la substitution, les laboratoires commercialisant les médicaments génériques misent sur différents axes : l’harmonisation des formes et couleurs, une meilleure lisibilité des conditionnements et même l’utilisation de la technologie numérique.
L’art de la formulation
Par définition, un médicament générique a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs ainsi que la même forme pharmaceutique que le médicament princeps. Il s’agit bien de la copie du médicament princeps dont l’efficacité a été démontrée par des études de bioéquivalence. Ce qui diffère ? La composition en excipients, ces fameux ingrédients sans activité pharmacologique, indispensables à la conservation et à la formulation du médicament, conditionnant son aspect, sa couleur et son goût. Ils permettent en outre d’assurer l’acheminement du ou des principes actifs vers leur site d’action ainsi que leur assimilation dans l’organisme.
Afin d’harmoniser les formes et couleurs des médicaments originaux et des médicaments génériques, une loi a été votée (loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé) autorisant l’apparence strictement identique du médicament générique à celle du princeps. Si certains laboratoires produisent des copies conformes en tout point, d’autres essayent d’optimiser la formulation afin de favoriser l’observance. Ils jouent ainsi sur la grosseur du comprimé ou de la gélule, la possibilité d’être dispersibles, et sur le goût en tentant d'améliorer l’arôme. Pourtant, certains patients tiennent tête en prônant une « allergie » aux génériques. Les médicaments génériques, comme les médicaments princeps, peuvent contenir des excipients à effet notoire, présentant un risque de mauvaise tolérance chez certains patients sensibles. Citons le lactose à déconseiller chez les intolérants au lactose, l’aspartam, source de phénylalanine contre-indiquée en cas de phénylcétonurie, l’amidon de blé à éviter chez les intolérants au gluten ainsi que l’huile d’arachide à risque d’urticaire voire de choc anaphylactique chez les allergiques.
Aujourd’hui, les axes de recherche ciblent des formulations avec des excipients de nouvelle génération, améliorant l’assimilation du principe actif et diminuant le risque d’intolérance, ou mieux encore, des médicaments dépourvus d’excipients.
Séduire et sécuriser par l’emballage
Éviter les confusions, les oublis et les erreurs, cela passe aussi par le conditionnement extérieur. Les laboratoires de médicaments génériques, souvent en association avec les pharmaciens et les patients, améliorent les boîtes des médicaments. Le patient a ainsi une meilleure visibilité sur ce qui se trouve à l’intérieur.
Sur le conditionnement des médicaments génériques sont le plus souvent indiqués le nom de molécule et son dosage, tous deux avec un code couleur pour favoriser l’identification, un mémo de prise médicamenteuse pour faciliter la compréhension de la posologie, sans oublier le mode d’administration, la date de péremption et les précautions particulières de conservation (Gammes Arrow, Biogaran, EG Labo, Krka, Mylan, Teva, Cristers…). L'éventuelle présence d’excipients à effet notoire est également précisée sur le packaging, en plus de la notice, évitant ainsi le risque d’allergie ou d’incompatibilité. Sur certaines gammes de génériques se trouve la photo de la forme permettant de visualiser, sans ouvrir la boîte, la taille et la couleur du médicament. La présentation en blister unitaire prédécoupé regroupant toutes les informations (nom, dosage, numéro de lot, date d’expiration) favorise la reconnaissance du traitement et facilite sa prise à l’extérieur, sans s’encombrer de la boîte. Enfin, l’identification de la molécule et du dosage, répétés sur plusieurs faces de la boîte, optimise le rangement dans les tiroirs de l’officine et dans l'armoire à pharmacie domestique.
Distinguée en 2015 par le prix « Observance et personnes âgées » du salon Pharmapack Europe, la boîte Easybox, qui habille aujourd'hui 80 % du catalogue générique de Teva, a été étudiée pour faciliter et sécuriser les prises.
Des génériques connectés
Carte ultime pour faciliter l’observance, l’utilisation des outils numériques. Sites internet, applications, les laboratoires ne cessent d’innover proposant des aides à la prise médicamenteuse. Les sites internet des laboratoires génériques prévoient des plans de prise personnalisés à imprimer. Les patients peuvent également s’informer sur le traitement, leurs pilules et retrouver, grâce au répertoire et moteurs de recherche, l’équivalence princeps/générique. Certains laboratoires se sont même lancés dans le développement d’applications mobiles, telles que MediRappel de Biogaran ou aBox Memo du laboratoire Arrow, téléchargeables sur les smartphones. Le patient renseigne l'ensemble de son traitement dans l’application, ce qui lui permet de recevoir une notification de rappel pour ses prises médicamenteuses, dont la prise de pilule contraceptive, ou bien d’imprimer son plan de prise voire le partager et l’envoyer par courriel. Il est également possible de lister tous les médicaments de sa famille afin de limiter les erreurs et les oublis.
Enfin, le visionnage de la webserie pédagogique et ludique « le générique, y’a pas de hic » de Biogaran devrait finir de convaincre les plus récalcitrants.
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