Alors que les ventes de médicaments OTC sont globalement en recul, les marchés de la naturalité sont en croissance à l’officine, soutenus par la bonne dynamique des compléments alimentaires et de l’aromathérapie.
Depuis quelques années, on note en effet une baisse de la demande des médicaments conventionnels au profit d’alternatives dites « naturelles ». Aujourd’hui, 3 produits sur 10 délivrés en pharmacie revendiquent ainsi un positionnement « naturel ». À cela, plusieurs raisons qu’analyse une étude Les Echos-OpenHealth*.
L’augmentation de la défiance de la population envers les médicaments allopathiques et l’industrie pharmaceutique, nourrie notamment par le scandale du Mediator, en est une. Le taux de confiance dans les médicaments a ainsi baissé de 8 points depuis 2015 (sondage IPSOS pour le LEEM de 2018). Et seuls 16 % des Français interrogés jugent les laboratoires « transparents », 34 % « éthiques » et 37 % « attentifs aux effets secondaires ».
Alternative ou accompagnement
Dans ce contexte, les produits naturels permettant de prendre soin de sa santé ont de quoi séduire. Leur composition simple (une seule plante parfois) répond aux attentes des consommateurs en matière de transparence, leur composition végétale, parfois vegan ou « cruelty free », constitue un gage d’éthique et les plantes sont perçues comme dépourvues d’effets secondaires, parfois à tort, notamment en cas d’interactions. L’étude Les Echos-OpenHealth détaille les comportements des personnes qui recourent à des produits naturels pour le bien-être et la santé. Ils sont de trois types et consistent à :
- intégrer la prise en charge de sa santé dans un mode de vie global, reposant sur l’écologie, pouvant aller jusqu’au refus du soin conventionnel. Principalement en prévention, par exemple des maux hivernaux ou des troubles hormonaux (ménopause, cycle menstruel) ;
- ou à chercher des alternatives efficaces pour des troubles gênants mais pas assez pour consulter un médecin ou risquer une accoutumance (par exemple pour traiter des troubles du sommeil). Parfois même pour des pathologies chroniques à peine déclarées (comme un diabète de type 2) qu’une amélioration de l’hygiène de vie, renforcée par des produits naturels, peut contenir ;
- ou bien à accompagner un traitement allopathique nécessaire mais risquant d’avoir des effets secondaires. C’est le cas de la phytothérapie qu’un tiers des Français disent prendre en complément de médicaments classiques. Et des probiotiques que le pharmacien ou le médecin conseillent de prendre en même temps que des antibiotiques.
Si les deux premiers types de consommateurs peuvent acheter les produits de selfcare naturels dans d’autres circuits, ceux qui recherchent des produits naturels en accompagnement ou en appui des traitements allopathiques sont en général clients d’officine. Le pharmacien bénéficie d’un capital confiance et leur apparaît comme le plus légitime pour conseiller des produits naturels. En capitalisant sur leur savoir en la matière et le sérieux que leur attribuent les Français, les pharmaciens sont en capacité de répondre à cette demande croissante et de renforcer leur position sur ce marché. Par temps de stagnation de leur activité, le développement de ce segment est d’ailleurs une nécessité économique, souligne l’étude…
* « Le marché français de la santé et du bien-être au naturel. Dynamique et perspectives du marché du selfcare au naturel ». Les Echos en partenariat avec OpenHealth, 2019.
Article précédent
Les bonnes formules pour la planète
Article suivant
Savoir relier l’être et le paraître
Quand les groupements s’en mêlent
Quand la nature est bonne
Le développement durable, pas sans les pharmaciens
Les bonnes formules pour la planète
Retour vers la nature
Savoir relier l’être et le paraître
MNU/DASRI : peut-on faire mieux ?
Quelques histoires de labos responsables
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %