Si la livraison à domicile arrive largement en tête (67,7 %) des missions dans lesquelles les pharmaciens d’officine veulent s’engager ou conforter leur investissement, elle n’est qu’une activité parmi d’autres à développer. Ainsi, sur les 1 066 pharmaciens interrogés du 12 au 20 septembre dernier par Call Médi Call, près de la moitié compte s’investir dans le bilan de médication. Cette activité arrive néanmoins en cinquième position après la substitution générique (52,6 %), le sevrage tabagique (50,5 %), l’ouverture de DMP (47,1 %), mais devant les entretiens pharmaceutiques asthme et anticoagulants (42,3 %) et la préparation des doses à administrer (PDA).
Une cinquième place qui n’étonne pas le directeur de l’Assurance-maladie, Nicolas Revel car c’est « le plus nouveau, potentiellement chronophage et difficile ». En outre, « le premier épisode des entretiens d’accompagnement ne donne pas envie de croire au bilan de médication ». Néanmoins, il constate, à travers les syndicats, qu’il existe une forte aspiration de la profession « face à des enjeux de maîtrise des dépenses de santé, d’amélioration de l’état de santé de la population et d’accès aux soins dans les territoires ». Et il compte sur le pharmacien pour qu’il s’investisse totalement dans des sujets comme l’observance des patients et la lutte contre le risque iatrogène.
Trop ambitieux ?
Selon les évaluations de l’Assurance-maladie, 4 millions d’assurés sont potentiellement concernés par le bilan de médication, réservé aux plus de 65 ans en ALD et aux plus de 75 ans polymédiqués. « À quelques dizaines de milliers près, nous estimons que 400 000 patients pourraient bénéficier de ce bilan de médication chaque année, soit environ 23 patients par an et par officine. Est-ce trop ambitieux ? Je crois que non », juge Nicolas Revel. Cependant, l’assurance-maladie a prévu une clause de revoyure au cas où « nous ne serions pas au rendez-vous quantitatif ». Mais Nicolas Revel se veut confiant : « Nous allons faire vivre ce bilan de médication, nous allons l’observer en vie réelle, l’améliorer, accompagner la profession, revoir l’ergonomie, les règles du jeu pour qu’il trouve sa place. »
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), cette nouvelle mission est une « véritable stratégie d’accompagnement » à comparer avec la conciliation médicamenteuse menée par les pharmaciens hospitaliers. Mesure phare de l’avenant conventionnel, le bilan de médication pourra être proposé à l’officine en 2018. L’entretien initial sera rémunéré 60 euros, l’entretien de la seconde année, 30 euros si un nouveau traitement intervient, 20 euros en l’absence de nouveau traitement.
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