LA LOI consommation, adoptée le 13 février dernier, a ouvert une première brèche dans le monopole pharmaceutique : les tests de grossesse et d’ovulation pourront désormais être vendus dans les rayons des grandes surfaces. Ce premier accroc au monopole inquiète vivement les pharmaciens, qui craignent que la prochaine étape ne soit l’autorisation de la vente de médicaments OTC dans les supermarchés. Marisol Touraine, la ministre de la Santé, assure pourtant qu’il n’en est pas question. « En ce qui concerne le médicament, je suis attachée au conseil du pharmacien et à la sécurité absolue apportée à l’ensemble des Français, a-t-elle déclaré sur France Inter le jour de l’adoption de la loi. Aujourd’hui, vous avez des pharmacies partout sur le territoire, ce qui permet aux personnes qui habitent en dehors des centres-villes d’avoir accès à leurs traitements à proximité de chez eux ». Si la vente de médicaments était autorisée en grande surface, la ministre craint que cela ne provoque des fermetures de pharmacies et que le maillage officinal ne soit menacé.
Médicaments moins chers.
Ces affirmations ministérielles n’empêchent pas les acteurs de la grande distribution, comme Michel-Edouard Leclerc, de prédire la fin du monopole et de militer pour l’accélérer. « Un peu de concurrence, ce n’est pas remettre en cause la politique de santé, c’est simplement permettre au consommateur de ne pas être pénalisé », affirme-t-il. Il continue à clamer qu’il pourrait vendre des médicaments non remboursables dans ses grandes surfaces à des prix inférieurs à ceux pratiqués en officine. « L’idée, c’est de les vendre moins chers, ce qui est largement possible, puisqu’aujourd’hui il y a des écarts d’un à trois entre les pharmacies », pointe-t-il. Il insiste cependant sur le fait qu’il « ne mettra pas de médicaments entre les petits pois et les carottes ». La vente de ces produits s’effectuerait « dans un espace dédié, sous le contrôle d’un pharmacien, ayant les mêmes obligations qu’un officinal », souligne-t-il. Pour lui, l’ouverture de la vente de médicaments en grande surface « ne passera pas par un ministre de la Santé, mais par un ministre de l’Économie ». Car Michel-Edouard Leclerc en est persuadé : « en France, les avancées concurrentielles ne passent jamais par les ministres qui ont la tutelle d’une corporation ». L’Autorité de la concurrence elle-même se range plutôt du côté de la grande distribution. « L’automédication se développe, la vente en ligne vient de s’ouvrir, mais nous restons dans un contexte d’opacité sur les prix avec des disparités surprenantes entre pharmacies. C’est pourquoi nous avons proposé une ouverture de la vente de médicaments sans ordonnance qui soit limitée, encadrée et accompagnée », déclare son président, Bruno Lasserre.
Menace claire.
À force d’être attaqué sur ce sujet, les officinaux commencent eux aussi à douter du maintien de leur monopole, en particulier les responsables des groupements de pharmacie. « Il est à craindre que notre monopole en prenne un coup dans les années à venir », s’inquiète Franck Vanneste, PDG de Giropharm. De son côté, Alexandre Aunis, directeur des opérations marketing et enseigne chez Népenthès, juge que « la menace est claire et il y aura à terme une décision politique ». Quant au président du groupe PHR, Lucien Bennatan, il estime que « comme celui des taxis, le monopole officinal va être écorné d’ici à trois ou quatre ans, mais les pharmaciens ne feront pas d’opérations de blocage ».
Pour trancher cette question du monopole pharmaceutique, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a commandé un rapport sur la distribution pharmaceutique à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Il devrait être rendu d’ici la fin du mois de mars.
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