Afin de sauver des commerces saisonniers dépendants de la saison hivernale, qui représente parfois plus de 70 % de leurs revenus, les autorités avaient soutenu financièrement les commerces les plus durement touchés par la fermeture des stations de ski ainsi que par l’absence de touristes et de vacanciers. L’aide s'élevait de 15 % à 20 % du chiffre d’affaires des entreprises, en fonction des pertes.
Une compensation bienvenue, dont les pharmacies de montagne ont bien failli être privées, puis qu’elles n’étaient initialement pas incluses dans les dispositifs de soutien. « L’USPO s’est énormément battu pour que soient reconnues la particularité des pharmacies de montagne et leur indemnisation », explique Gilles Bonnefond, pharmacien à Montélimar (Drôme) et ancien président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Elles étaient doublement impactées : par la crise, car situées en zones touristiques saisonnières, où elles font la majorité de leur chiffre d’affaires, et par les campagnes de dépistage, qui ont exercé une forte pression sur le personnel. »
Un soutien qui a permis d'éviter le pire
« Heureusement, nous n’avons pas été abandonnés. C’est ce qui nous a permis de tenir toute l’année. De notre côté, aucune pharmacie n’a mis la clé sous la porte », témoigne Benjamin Castex, titulaire à la grande pharmacie de Morzine (Haute-Savoie) et président de l’association des pharmacies de montagne. Cette association, créée l’année dernière et qui réunit aujourd’hui 66 officines, coordonne la communication des pharmacies de montagne auprès des élus régionaux. Mais ce petit miracle sera difficile à renouveler en cas de nouvelle fermeture des stations de ski. Car là-haut, bien rares sont les pharmacies pouvant se passer de la saison d’hiver deux fois de suite.
Et dans cette situation, plus que des aides, c’est surtout une direction claire qui est attendue « Il est vital que le gouvernement communique aussi clairement que possible. Aujourd’hui nous n’avons aucune visibilité. Nous comprenons bien que les autorités doivent faire au mieux dans un contexte compliqué. Mais si nous devons fermer une nouvelle fois, il ne faut pas que nous soyons prévenus au dernier instant », reprend Benjamin Castex.
D’autant que, selon les observations de plusieurs de ses confrères, notamment en Savoie, la saison qui s'ouvre se présente plutôt bien, avec de nombreuses réservations de touristes, notamment anglais. En réalité, ce n’est pas tant le risque de fermeture des stations de ski qui inquiète la plupart des pharmaciens interrogés par « le Quotidien », mais plutôt leur capacité à tenir le choc en cas de maintien des activités.
Limitation de moyens, extension des missions
En effet, en plus des TAG, les pharmacies de montagne doivent vacciner contre la grippe et le Covid. Des combats à mener avec un personnel réduit et de grandes difficultés à recruter : « Nous sommes tous en situation de sous-effectif. Certains confrères n’ont toujours pas trouvé de pharmacien saisonnier », se désole un pharmacien à Mont-de-Lans (Isère). Bien avant le début de la saison, les officines sont déjà débordées.
Beaucoup ne comptent que deux professionnels, un titulaire et un préparateur. À cette échelle, les services habituels que la pharmacie peut rendre (traumatologie, accompagnements, dispensation à distance…) sont particulièrement limités. Ce manque de personnel n'est pas un hasard. « Le Covid a été un coup très dur pour le moral », admet une pharmacienne du Doubs, à quelques kilomètres de la frontière franco-suisse. « Dans la région, beaucoup sont partis à cause de la surcharge de travail, et le personnel restant est épuisé. »
Mais pas question d’abandonner, tant il est indispensable de maintenir un service de proximité pharmaceutique dans les zones de montagne. Et au-delà de la saison prochaine, c’est l’avenir à long terme qui inquiète certaines pharmacies. Ici, le réchauffement climatique n’est pas une crainte, mais une réalité. « Dans 10 ans, il n’y aura plus de neige chez nous », augure la pharmacienne du Doubs. Et sans neige, de nombreuses stations de ski, et leurs pharmacies avec, n’auront plus de raison d’être.
Article précédent
Le conseil officinal à l’heure des boosters d’immunité a sonné
Article suivant
Grippe et Covid, deux campagnes pour un hiver
Le conseil officinal à l’heure des boosters d’immunité a sonné
Entre résignation et détermination
Grippe et Covid, deux campagnes pour un hiver
Questions de saison
Le grand retour des viroses hivernales
Comment préparer son officine à la saison froide
« Pourquoi et comment il faut sauver la mémoire de la glace »
Une peau comme un bouclier aux agressions de l'hiver
Quels antiviraux habitent vos rayons cet hiver ?
3 ordonnances d'hiver
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine