Le problème de la « dette immunitaire »
C’est un fait, après 2 ans de Covid et par conséquent de gestes barrières et de confinements, notre immunité est en baisse faute d’avoir été stimulée. En limitant la propagation du coronavirus, nous avons également empêcher celle des autres pathogènes. Si cela peut paraître positif à court terme, aujourd’hui nous risquons d’avoir le revers de la médaille. Et cela est d’autant plus vrai chez les plus petits pour qui nombre de pédiatres redoutent un rebond des infections virales. En effet, plusieurs études suggèrent qu’une stimulation fréquente de l’immunité innée augmente son efficacité. Les enfants n’ont donc pas bâti les défenses qu’ils se forgent normalement au fil des « rencontres » virales. Cette dette immunitaire est particulièrement inquiétante pour le VRS (Virus Respiratoire Syncytial). « Sans exposition saisonnière, l’immunité baisse et la susceptibilité face à des infections ultérieures, potentiellement plus graves, augmente », ont déclaré des pédiatres néo-zélandais dans The Lancet Child & Adolescent Health fin octobre.
Une épidémie de grande ampleur de bronchiolite
La bronchiolite est une infection virale respiratoire aiguë, le plus souvent due au VRS (50 à 80% des cas). Elle atteint les nourrissons de moins de 2 ans et se caractérise par un épisode de gêne respiratoire dont les signes sont une toux et une respiration rapide et sifflante. Le virus est présent dans la salive et les sécrétions du nez et se transmet directement par les éternuements ou la toux ou indirectement par les mains ou des objets souillés par la salive. En France, elle touche habituellement chaque hiver 30% des nourrissons de moins de 2 ans (environ 460 000 cas par an), le pic de l’épidémie se situant en décembre. De nombreux critères de vulnérabilité et environnementaux influencent la gravité potentielle de la bronchiolite : âge inférieur à 2 mois, prématurité inférieure à 36 SA, cardiopathies, maladies respiratoires et malformations congénitales, tabagisme passif, garde en collectivité, contexte social difficile, déficits immunitaires… 3609 enfants ont ainsi été vus aux urgences pour bronchiolite en semaine 46. 88% étaient âgés de moins de 1 an et 35% ont été hospitalisés.
La contagiosité des infections ORL
La saison hivernale est propice au développement des virus. Ajoutez à cela le fait que nous nous concentrons dans des espaces confinés et peu ventilés à cause du froid, et les conditions sont réunies pour que les viroses hivernales, entre autres les infections ORL, se propagent facilement.
Tout d’abord, la rhinopharyngite aiguë. Il s’agit d’une infection virale due à de multiples virus (rhinovirus, influenzae, VRS, adénovirus…) survenant principalement en automne et hiver. De nombreux facteurs favorisent sa survenue : baisse d’immunité, terrain allergique, vie en communauté, le tabagisme ou encore la pollution (ces 2 derniers diminuant la mobilité des cils présents sur la muqueuse respiratoire). En France, un adulte peut être affecté jusqu’à 4 fois par an et un enfant jusqu’à 8 fois (environ 10 millions de rhinopharyngites aiguës chez l’enfant chaque année). Sa contagiosité directe (flux aérien) ou indirecte (mains) explique sa diffusion rapide. Ensuite, l’otite moyenne aiguë qui survient le plus souvent au décours d’une rhinopharyngite. Son étiologie est le plus souvent virale (VRS, rhinovirus…). Le risque d’otite est maximal la première année de vie puis diminue quand l’enfant grandit. Enfin, l’angine résulte de l’infection de l’oropharynx par des agents infectieux, des virus dans 60 à 90% des cas (adénovirus, entérovirus…). Environ 9 millions d’angines sont diagnostiquées chaque année en France. Encore une fois, la prévention passe par la limitation des contacts, le lavage des mains et le fait de bien aérer la maison.
Le risque de gastro-entérite aiguë (GAE) en collectivité
Chaque hiver, les cas de GAE augmentent et sont à l’origine en France de 1,4 à 4 millions de consultations en médecine générale. Elles sont majoritairement d’origine virale, avec une circulation dominante des norovirus (qui touchent les personnes de tous les âges) et des rotavirus (qui infectent principalement les enfants de moins de 5 ans). La transmission est principalement interhumaine. C’est pourquoi les collectivités comme les hôpitaux, les crèches, les EHPAD (ou même les bateaux de croisière !) sont particulièrement à risque d’épidémies. Les norovirus peuvent également être transmis par voie alimentaire (par contact des aliments avec des eaux souillées ou suite à leur manipulation par une personne porteuse du virus). La prévention de ces GAE repose donc sur des mesures d’hygiène des mains et lors de la préparation des repas.
L’épidémie de GAE s’étend en général de décembre à avril avec un pic les deux premières semaines de janvier. 44% des passages aux urgences pour GEA concernent des enfants de moins de 5 ans. En France, en semaine 46, le taux d’incidence des cas de diarrhées aiguës vus en consultation de médecine générale a été estimé à 122 cas pour 100 000 habitants. Ce taux était en augmentation par rapport à la semaine précédente. De plus, les régions les plus touchées étaient les Hauts-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Normandie.
Les classiques de l’offre OTC Hiver
L’hiver, il faut d’abord miser sur la sphère ORL dans le rayon OTC. Lavages de nez (Physiomer®, Stérimar®…), collutoires et pastilles pour la gorge (Strepsils®, Drill®…) et sirops contre la toux (Humex®, Vicks®…) vont donc se côtoyer sur les étagères. La fin d’année rime également avec repas festifs et (trop) copieux d’où l’ajout des produits à visée digestive (Citrate de Betaïne®, Oxyboldine®…). Afin de combattre les gastro-entérites, on retrouvera les antidiarrhéiques (Imodiumcaps®, Smectalia®…), antiémétiques (Vogalib®) et les probiotiques (Lactibiane®, Probiolog®…). Et pensons à laisser vitamines et immunostimulants à proximité !
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