Ainsi que l’a rappelé notre consœur Danielle Roquier-Charles (responsable depuis l’origine de la conception et de l’animation de ces réunions), le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme (58 500 nouveaux cas en 2018) et le traitement de nombre d’entre eux comprend une radiothérapie et/ou une chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante et souvent un volet chirurgical (problèmes éventuels de cicatrisation).
Dans ce contexte, les soins de la peau revêtent une importance capitale, tant pour prévenir que pour soulager au mieux les effets indésirables. Avant le traitement, pendant et après, voire sans limite de temps.
Un impératif : préparer sa peau
Des précautions de base sont toujours indispensables, comme le fait de s’arrêter de fumer, une protection solaire (SPF 50+) dès les beaux jours et le port de vêtements amples et de sous-vêtements en coton.
À l’occasion d’un focus sur les radiodermites - les formes aiguës surviennent entre la 5e et la 10e séance -, Danielle Roquier-Charles a souligné la nécessité de conseiller aux patientes de commencer à préparer leur peau environ deux semaines avant le début de la radiothérapie : lavage quotidien à l’eau avec un produit lavant doux (pendant la radiothérapie, jamais de savon de Marseille ou de savon d’Alep sur les zones irradiées), pas de bains chauds, séchage par tamponnement délicat, application après la toilette d’une formulation nourrissante (huile renfermant de la vitamine E, baume corporel relipidant…), ne pas utiliser d’assouplisseur de linge.
Les radiodermites bénéficient, selon leur grade de sévérité, de crèmes émollientes (type Dexeryl), de crèmes apaisantes (type Biafine), de topiques à l’acide hyaluronique, de dermocorticoïdes et/ou de pansements (hydrocolloïdes, hydrocellulaires, hydrogel…) ou d’une antibiothérapie locale ou générale.
Pendant le traitement il convient de renforcer l’hydratation cutanée, d’éviter la macération au niveau des plis cutanés ainsi que le rasage. Le conseil doit privilégier des produits hypoallergéniques, sans parfum, alcool, conservateurs allergisants, parabens ou phénoxyéthanol.
Effets indésirables cutanés des chimiothérapies
Les effets indésirables cutanés des chimiothérapies sont extrêmement fréquents, a souligné Hédi Chabanol (pédicure-podologue, responsable de l’Espace de soins et d’étude de la peau-Institut Curie, Paris), la xérose venant en première position.
Les principales toxicités cutanées correspondent au syndrome main-pied (capécitabine, taxanes), au rash acnéiforme (anti-EGFR) – au cours duquel et contrairement à ce qu’on observe dans l’acné « vulgaire » la peau n’est pas grasse mais sèche -, à la toxicité péri-unguéale (anti-EGFR) et à la toxicité unguéale (taxanes, capécitabine).
L’information préalable de la patiente, ainsi que tout au long du traitement ne doit surtout pas être négligée. Là encore, des mesures de prévention s’imposent, notamment en matière de soins de pédicurie et de podologie, de protection des mains et d’hydratation des cuticules (beurre de karité…).
En ce qui concerne la prise en charge, un premier point clé consiste à bien évaluer le grade de la toxicité (généralement coté de 1 à 3 ; classification NCI-CTCAE), le retentissement sur les activités de la vie quotidienne et, plus largement, sur la qualité de vie (au moyen d’un questionnaire simple, comme le DLQI) ; ce qui suppose d’avoir réuni préalablement la documentation nécessaire. Puis à suivre les recommandations à observer dans chaque cas d’espèce.
Le grade 3 impose de prendre contact avec l’oncologue ; parfois même dès le grade 2, comme dans le rash acnéiforme. Les conseils doivent prendre aussi en compte le phototype et l’état général.
Enfin, il faut avoir conscience que l’accompagnement de ces patientes doit s’inscrire dans la durée, avec des réévaluations en tant que de besoin.
* Les formations en matière d’oncologiques de l’UTIP Île-de-France ont vu le jour il y a une vingtaine d’années sous l’impulsion de Jean-Claude Cazes. Déployées en premier lieu en partenariat avec Eurocancer, ces formations ont par la suite pris leur indépendance pour devenir les Rencontres oncologiques UTIP Île-de-France.
Pour en savoir plus :
Association francophone pour les soins oncologiques de support : www.afsos.org (à signaler, notamment, la publication en juillet 2021 d’un référentiel en soins oncologiques de support).
Europa Donna : www.europadonna.fr
Vivre comme avant : www.vivrecommeavant.fr
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