Physiopathologie du froid & conséquences
Lorsque les températures extérieures plongent, la température centrale peut baisser sous la barre des 37 °C. L’organisme répond alors par une thermorégulation mise en place par les systèmes cardiaques, endocriniens, nerveux et respiratoires.
Pour isoler le cœur, le cerveau et les reins du froid, les vaisseaux périphériques se contractent, la pression artérielle et le rythme cardiaque augmentent, avec élévation de la consommation en oxygène. Une hémoconcentration est observée, liée à la redistribution du sang vers les organes et augmentation du secteur intravasculaire. La thermogenèse est également induite par l’accroissement de l’activité musculaire (frisson et activité physique) et du métabolisme par l’action des hormones thyroïdiennes, des catécholamines (dont l’adrénaline), les glucocorticoïdes et le glucagon.
En cas de déficience de la thermorégulation ou en présence de pathologies chroniques cardiaques ou métaboliques, des effets néfastes peuvent survenir. De nombreuses études ont mis en évidence l’augmentation du nombre d’accidents cardiovasculaires et des maladies respiratoires en hiver, la mortalité devenant plus importante avec la diminution des températures. Au niveau cardiovasculaire, la vasoconstriction des artères coronaires, engendrant un spasme, peut provoquer une rupture des plaques d’athérome et être à l’origine d’une thrombose artérielle. Subséquemment, le risque d’angine de poitrine et d’infarctus du myocarde est augmenté. Au niveau périphérique et cérébral, les accidents vasculaires cérébraux ainsi que les crises vasomotrices du Syndrome de Raynaud peuvent être favorisés, en raison de l’hypertension artérielle et de l’hyperviscosité sanguine dues au froid.
La fréquence des pathologies respiratoires (pneumopathies et crises d’asthme) augmente en hiver par l’irritation de la muqueuse des voies respiratoires supérieures due à l’inhalation de l’air froid. En découle un ralentissement de l’activité muco-ciliaire éliminant les agents pathogènes inhalés. Autre facteur, le confinement des populations dans des atmosphères surchauffées, propices au développement des microbes.
Enfin, en cas de maladies chroniques endocriniennes (diabète, insuffisance surrénalienne, hypothyroïdie), le métabolisme de base est perturbé et les patients plus à risque d’hypothermie. Leur température corporelle, leur pression artérielle et leur état d’hydratation sont alors à surveiller.
Quelques conseils pour se protéger du froid
- Éviter les expositions prolongées aux basses températures et les passages rapides du froid aux atmosphères chaudes.
- En cas de sortie, se couvrir chaudement de la tête aux pieds, la protection des extrémités étant indispensable pour limiter les phénomènes de vasoconstriction néfastes en cas de risque cardiovasculaire. Ne pas oublier la conséquente perte de chaleur par le cuir chevelu.
- Il est préférable de superposer plusieurs couches de vêtements minces que de porter une seule couche épaisse.
- Le cœur étant sollicité à battre plus vite pour lutter contre le froid, les efforts physiques sont à limiter, surtout sans échauffements. Les activités en extérieur sont d’autant plus à éviter lors des pics de pollution hivernale, les microparticules et le monoxyde d’azote participant à une mauvaise oxygénation des cellules.
- Cesser de fumer, le tabac intensifiant la vasoconstriction et induisant une tachycardie. Si, au froid et au tabac, s’ajoute une composante stress, le risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde et syndrome de Raynaud) augmente considérablement.
Du point de vue nutritionnel, les protéines ont un effet thermique plus élevé que les glucides et limites. Privilégier ainsi les apports en protéines animales (viandes, poissons, œufs, produits laitiers) et/ou végétales (légumineuses, soja, céréales, graines, oléagineux). Penser aux oméga-3 à longue chaîne retrouvés dans la chair des poissons gras, ainsi que les fruits secs riches en minéraux et oligo-éléments.
L’exposition au froid engendrant un risque de déshydratation, veiller à une hydratation suffisante : boissons chaudes non alcoolisées et application de crèmes hydratantes, retenant la déperdition cutanée en eau.
Attention au faux ami : l’alcool ne réchauffe pas ! Il provoque plutôt la fuite de la chaleur par vasodilatation des vaisseaux superficiels du corps, entraînant la diminution de la température corporelle d’un demi-degré par apport de 50 grammes d’alcool. Même le vin chaud est concerné…
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