Environ 3 500 patients insulinodépendants pourraient être concernés par la mise en place d’une boucle semi-fermée telle que Diabeloop, leur permettant de surveiller constamment leur glycémie et d’administrer en continu de l’insuline.
« L’innovation de cette boucle hybride, c’est qu’elle permet de réguler la vie quotidienne. Elle s’adapte toute seule aux variations d’insuline sans que le patient soit obligé d’aller vérifier sa glycémie », apprécie le Dr Jean-François Thébaut, cardiologue et vice-président de la Fédération française des diabétiques (FFD). Néanmoins, elle n’est pas totalement autonome et ne prévoit pas si le patient saute un repas par exemple, ou s’il fait de l’exercice physique. « Diabeloop comprend un algorithme qui permet d’éduquer la pompe, pendant 6 semaines. Ensuite, elle fonctionne dans la journée en autonomie, sauf en cas d’événements imprévus. Cela permet de diminuer la charge mentale des patients », a constaté le Dr Thébaut. « Aujourd’hui, le patient qui a une pompe se la voit prescrire dans son centre initiateur, par le diabétologue, et on lui apprend à s’en servir en hospitalisation de jour : les prestataires fournissent le matériel et le pharmacien fournit l’insuline », décrit-il. Pour les patients de la population concernée par Diabeloop, c’est désormais le pharmacien qui distribuerait les pompes au lieu du prestataire, et qui contractualiserait pour le suivi. « C’est très bien pour la population Diabeloop, qui aura un intermédiaire de moins », estime le vice-président de la FFD.
Pour le moment, ce dispositif concerne peu de patients. « La population cible est estimée à 3 500 patients pour Diabeloop », souligne-t-il, en rappelant que ce dispositif n’est pas le seul et que deux autres doivent arriver sur le marché, celui de Medtronic et la pompe Tandem. Pour la FFD, « les pharmaciens doivent connaître le dispositif et pouvoir l’expliquer aux patients. Mais pour si peu de malades, est-ce que cela vaudra la peine de vous former ? » interroge-t-il.
Service de proximité
Christophe Barlier, pharmacien à Pont-Evêque, en Isère, insiste sur « la qualité de la prestation que les pharmaciens doivent apporter ». Pour lui, il faudrait une formation validante de 40 heures pour pouvoir gérer Diabeloop. Dans sa pharmacie, il a réfléchi dès 2015 à devenir prestataire pour des patients sous pompe à insuline, estimant à 14 le nombre de ses patients concernés. « Nous nous sommes formés et fait connaître du centre initiateur de Vienne », explique-t-il. Selon lui, « il faut absolument avoir une personne référente sur ce sujet dans la pharmacie. C’est un service de proximité que nous allons apporter au patient ».
Pour sa part, Didier Brozdiak, directeur du développement médico-technique chez Oxypharm estime que « l’intégration du pharmacien dans le parcours de soins est un plus ». Avec le Pr Charles Thivolet, chef de service du centre du diabète DIAB-eCARE à Lyon « nous sommes en train de travailler sur une fiche de suivi qui pourra être utilisée mensuellement par le pharmacien pour optimiser la prise en charge des patients », indique-t-il. « Il faut un partenariat entre les prestataires de services et les pharmaciens. Nous devons être garants de la qualité, de la sécurité, et de la remontée d’information », résume-t-il enfin.
D'après l'atelier du 9 octobre 2021 au Congrès national des pharmaciens de Lyon.
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