ELLE PORTE bien son nom la tourista. Cette affection, également appelée «diarrhée du voyageur», toucherait 20 à 60 % des candidats au voyage. Elle sévit en toute saison, principalement dans les pays tropicaux, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Si elle est inconfortable et gâche quelques jours de vacances, rendant incontournable la visite des toilettes, elle est surtout responsable de plus de 400 000 décès d’enfants vivant dans les pays en voie de développement.
Des mesures préventives plus que thérapeutiques.
La diarrhée du voyageur est une affection d’origine virale ou bactérienne, Escherichia coli entérotoxinogène en tête. La consommation d’aliments contaminés et un manque d’hygiène des mains constituent les principales sources de contamination. C’est pourquoi la prévention repose essentiellement sur des mesures hygiéno-diététiques, la prévention médicamenteuse par antibiothérapie étant envisageable uniquement chez les patients présentant une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. En pratique, il est recommandé de ne pas manger d’aliments crus, froids ou peu cuits, de ne pas consommer de viandes et de poissons servis tièdes. Les fruits et légumes doivent être pelés et lavés avec de l’eau en bouteille. Il faut être vigilant quant à l’ingestion d’eau, en favorisant l’eau en bouteille correctement encapsulée. Attention au piège des glaçons ! Le froid ne détruit pas les bactéries présentes dans l’eau. Si le lavage des mains n’est pas toujours possible avec du savon, l’utilisation de solutés hydroalcooliques est une alternative efficace.
D’un point de vue clinique, la diarrhée du voyageur se traduit par des selles liquides et fréquentes, pouvant s’accompagner de fièvre, de douleurs abdominales et de nausées. Les caractéristiques des selles, notamment la survenue de selles glairo-sanglantes, déterminent la sévérité de l’infection. Dans ce cas, ainsi que chez l’enfant âgé de moins de deux ans, une consultation médicale est recommandée.
Limités à quelques heures dans la plupart des cas, les symptômes peuvent se prolonger pendant plusieurs jours. On estime à 20 % le taux de personnes devant rester alitées. Le risque majeur est la déshydratation. C’est pourquoi le traitement de première intention consiste à boire abondamment de l’eau ou d’autres liquides sucrés ou salés. Les solutés de réhydratation sont particulièrement adaptés à la réhydratation des jeunes enfants et des personnes âgées.
Les aliments riches en fibres, fruits et légumes, seront proscrits de l’alimentation le temps que durent les symptômes ; les viandes grillées et le riz seront privilégiés. Pour atténuer le symptôme diarrhéique, des argiles (diosmectite) ainsi que des médicaments antidiarrhéiques anti-sécrétoires (racécadotril) ou ralentisseurs du transit intestinal (lopéramide) peuvent être conseillés, avec toutes les précautions qui doivent accompagner leur utilisation.
Demain, un vaccin ?
L’origine bactérienne laisse envisager la possibilité d’un traitement antibiotique. Celui-ci est cependant indiqué uniquement dans les formes jugées sévères, s’accompagnant de fièvre et de selles glairo-sanglantes. Les principaux antibiotiques utilisés sont les fluoroquinolones (lévofloxacine, ciprofloxacine), en tenant compte du risque de photosensibilisation du fait de l’ensoleillement important des pays dans lesquels sévit la tourista. Dans les dernières recommandations sanitaires aux voyageurs, l’azithromycine est présentée comme alternative aux fluoroquinolones, bien que cette indication pour le traitement d’une diarrhée du voyageur soit hors AMM. Cet antibiotique est d’ailleurs recommandé en première intention en Asie, chez l’enfant comme chez l’adulte.
Face aux 210 millions d’épisodes de diarrhées dénombrés chaque année par l’OMS et liés principalement à une infection par Escherichia coli entérotoxigène (ETEC), un vaccin offrirait-il une stratégie de prévention plus satisfaisante et moins contraignante que les seules mesures hygiéno-diététiques ? Oui, selon le laboratoire Sanofi Pasteur. Ce dernier a d’ailleurs annoncé un partenariat avec le centre de recherches médicales de la marine américaine, dont l’objectif est justement de développer un nouveau vaccin contre l’ETEC. Celui-ci est à base de l’adhésine de l’ETEC, structure qui permet l’adhésion de la bactérie pathogène aux cellules épithéliales. Le vaccin candidat est actuellement en phase préclinique. Selon le laboratoire, « ce vaccin pourrait permettre de diminuer le nombre et la sévérité des toxi-infections alimentaires dues à l’ETEC » mais également « contribuer à réduire le risque de survenue du syndrome du colon irritable post-infectieux, qui affecte un sujet sur dix parmi ceux qui ont souffert de diarrhée du voyageur ».
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