RIEN À DÉCLARER ? Au passage des frontières, les douaniers seraient parfois très surpris de trouver dans les bagages des touristes des espèces animales bien vivantes et dont le visa santé est loin d’être en règle. Pire, elles véhiculent frauduleusement des bactéries et autres virus interdits de séjour et dangereux pour l’homme. « Les trois-quarts des maladies exotiques émergentes sur le continent européen sont des zoonoses transmises à l’homme par l’animal, souligne ainsi le Pr Jeanne Brugère-Picoux, médecin vétérinaire (Maisons-Alfort). Phénomène de mode, les NAC réservent leur lot de surprises désagréables. » Deux exemples récents ont mis en évidence le risque de poxviroses résultant de l’importation de rats. Ainsi en 2003, des chiens de prairie ont importé la variole du singe (monkeypox), ils avaient été infectés par des rats eux-mêmes importés d’Afrique vers les États-Unis pour être vendus comme animaux de compagnie.
En 2009 en France, des rats importés de Hongrie, en tant que NAC (un dessin animé destiné aux enfants ayant fait l’apologie de cet animal), ont transmis à leurs propriétaires le virus cow-pox. Depuis quelques années, plusieurs espèces de chauves-souris se sont révélé être le réservoir d’agents pathogènes émergents dont certains peuvent menacer l’Europe, comme le virus Nipah (Henipavirus), virus du syndrome de détresse respiratoire aigu (SRAS), et plusieurs cas de rage ont été signalés parmi des collections de chauves-souris envoyées dans des laboratoires ou des parcs zoologiques. L’infection par le lyssavirus de la rage provoque une encéphalite mortelle chez les mammifères. La transmission de cette zoonose à l’homme est accidentelle mais une fois la maladie déclarée, l’issue est toujours fatale et cette maladie figure parmi les dix premières causes de mortalité mondiale.
Du lapin au reptile, des NAC plus ou moins fréquentables.
En France, la rage vulpine apparue au printemps 1968 dans l’est du pays, a été éradiquée trente années plus tard par la vaccination des renards. Le risque actuel est principalement lié à l’importation illégale de NAC ou d’animaux sauvages en phase d’incubation. Cette maladie est toujours présente en Afrique du Nord et des importations d’animaux enragés sont sporadiquement recensées en France. Les deux dernières alertes soulignent le risque de l’importation illégale de chiens marocains. Les chiens de prairie, porteurs éventuels de l’agent de la peste (yersina pestis), sont également interdits d’importation en France. À part le lapin, les NAC ne sont pas toujours recommandés pour les enfants. Les petits rongeurs comme le hamster peuvent ainsi être porteurs de tularémie ou du virus de la chorioméningite lymphocytaire. Il existe aussi un risque réel et sous-estimé des salmonelloses transmises par les reptiles (plus de 90 % sont porteurs asymptomatiques), d’autant plus qu’un traitement ne permet pas l’élimination de l’agent pathogène.
Pourtant, les importations d’iguanes verts aux États-Unis ont augmenté de 430 % entre 1989 et 1993 et on a pu observer une corrélation entre l’augmentation du nombre de ces animaux et les infections humaines par un sérotype assez rare de salmonella enterica.
Certaines maladies sanitaires et lourdes de conséquences ont disparu de notre territoire grâce aux progrès des méthodes de prévention. Il convient donc de rester vigilant et de ne pas favoriser l’émergence ou la réémergence de zoonoses par l’intermédiaire d’espèces animales domestiques ou sauvages importées accidentellement ou volontairement. Il existe des animaux de compagnie certes plus traditionnels, mais plus inoffensifs et tout aussi attachants.
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