Paludisme
Près de 30 ans après sa conception par des chercheurs de GlaxoSmithKline, le candidat-vaccin RTS,S/ASO1 a reçu en juillet 2015 un avis scientifique favorable du comité des produits de santé à usage humain de l’Agence européenne du médicament (EMA). C’est un premier feu vert pour ce vaccin recombinant connu sous le nom de Mosquirix, développé en partenariat avec le Malaria Vaccine Initiative (MIV), un programme de l’organisation humanitaire PATH, et avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates. Normalement, l’EMA rend son avis et l’AMM est valable dans les 28 états de l’Union Européenne. Ici, l’expertise de l’EMA est utilisée pour servir de base à l’OMS et faciliter son utilisation dans les zones endémiques.
Le Mosquirix a été conçu pour vacciner les enfants âgés de 6 semaines à 17 mois vivant essentiellement en Afrique subsaharienne contre la forme la plus fréquente la plus sévère de la maladie, due à Plasmodium falciparum. C’est en effet chez les enfants en bas âge que la mortalité est la plus élevée. Ce vaccin a fait l’objet d’un essai à grande échelle de phase III (chez 16 000 enfants) dans 13 centres de 8 pays africains : Burkina-Faso, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria et Tanzanie. La protection a été obtenue dans les 12 mois suivant la vaccination chez 56 % des enfants âgés de 5 à 17 mois, cette efficacité diminuant ensuite.
L’Agence estime que le profil de sécurité est acceptable, mais c’est maintenant à l’OMS, que les résistances aux antipaludéens inquiètent, de formuler ses recommandations en tenant compte de la faisabilité de la mise en œuvre, de l’accessibilité du prix, du rapport coût-efficacité et de l’intérêt de santé publique du vaccin par rapport aux autres moyens de lutte. À suivre, donc.
Dengue
Le premier vaccin contre la dengue (4 sérotypes) signé Sanofi Pasteur, Dengvaxia, est, lui, recommandé dans les pays endémiques depuis avril 2016 par le groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) réuni par l’OMS. Après quelque 20 ans de recherches et d’études cliniques, le dossier d’enregistrement avait été soumis, en mars 2016, aux autorités d’une vingtaine de pays, y compris auprès de l’EMA, et le vaccin a déjà obtenu une autorisation de commercialisation dans 4 pays - Mexique, Philippines, Brésil et Salvador - chez les personnes âgées de 9 à 45 ans. Ces décisions se fondent sur l’examen technique des données cliniques de 25 études incluant plus de 40 000 participants de 15 pays à travers le monde. Les essais de phase III, leur suivi de 25 mois et les premières analyses d’études de suivi à long terme en cours, publiées en juillet 2015, ont montré que ce vaccin recombiné atténué, administré en 3 fois en l’espace d’un an, était efficace et avait un bon profil de tolérance dans une population âgée de 9 à 16 ans.
Selon les résultats obtenus dans cette tranche d’âge, le vaccin réduit le risque de dengue due aux 4 sérotypes chez deux tiers des vaccinés. Il permet d’éviter 80 % des hospitalisations et 93 % des cas de dengue hémorragique. Objectif : diminuer d’au moins 25 % la morbidité et de 50 % la mortalité due à la dengue d’ici à 2020. Pour cela, Sanofi Pasteur cherche à obtenir un prix public juste et acceptable durablement dans les pays endémiques. Le défi est de taille : c’est la maladie transmise par les moustiques dont l’expansion mondiale est actuellement la plus rapide.
Ebola
La recherche pharmaceutique est très active et différentes stratégies sont en cours d’évaluation. La vaccination « en ceinture » propose de vacciner les proches de patients chez lesquels l’infection a été découverte pour stopper la propagation du virus (vaccin USV-EPOV de la société Newlink Genetics qui collabore avec le laboratoire Merck).
Zika
Une vingtaine de vaccins sont à l’étude dans des agences nationales de recherche mais seul Sanofi Pasteur, fort de son expérience dans la mise au point de vaccins contre la dengue - transmise aussi par le moustique Aedes -, l’encéphalite japonaise et la fièvre jaune, un autre virus proche, a annoncé récemment qu’il se lançait dans la course.
Chikungunya
L’espoir vient de l’Institut Pasteur (Unité génomique virale et vaccination) : les premiers résultats d’une étude de phase I menée en collaboration avec la société de biotechnologie Themis Biosciences, l’Université médicale de Vienne et le département de l’Institut militaire Walter Reed aux États-Unis, sont très prometteurs.
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