C’est un des comportements qui définit le mieux notre époque : être au courant de l’actualité sans délais. Et avec internet, c’est devenu possible. La santé est un des domaines les plus connectés. Chaque hiver, la toile s’emballe à l’arrivée des premiers maux et des premiers symptômes.
Sentiweb : une référence française
Alors qu’il existe depuis 1984, le suivi épidémiologique des infections hivernales par le réseau Sentinelles a pris une dimension inattendue grâce au potentiel numérique (websenti.u707.jussieu.fr ou sentiweb dans les moteurs de recherche). Tout savoir sur l’épidémie grippale semaine après semaine est possible et surtout accessible pour tous. Développé par l’INSERM et l’université Pierre et Marie Curie, en collaboration avec l’InVS (Institut de veille sanitaire), ce dispositif permet un recueil des données provenant des médecins généralistes (1 300) et depuis octobre 2015, des pédiatres libéraux. Leur analyse permet de suivre de façon hebdomadaire la progression des infections saisonnières, principalement la grippe, la gastro-entérite (sur la base des diarrhées aiguës), la bronchiolite et la varicelle. Ces données, converties en incidence, sont traduites sur des cartes colorées pour une meilleure compréhension, et relayées par le bulletin épidémiologique hebdomadaire Sentiweb-hebdo. Sur le modèle des cartes météorologiques, la France vire du vert au rouge au fur et à mesure que l’épidémie s’intensifie.
Un suivi régionalisé en direct
De son côté, l’InVS (sur invs.sante.fr) met en ligne chaque semaine un bulletin hebdomadaire complet pour chaque infection hivernale dans lequel, en plus des données du réseau sentinelles, sont rapportées les données de SOS médecins, les données virologiques obtenues à partir des prélèvements hospitaliers et ambulatoires, ainsi que les données du réseau Oscour (organisation de la surveillance coordonnée des urgences) permettant d’évaluer l’activité hospitalière.
Le suivi épidémiologique régional (sur la base de 22 régions), relayé dans des « Points épidémio hebdomadaire » par l’InVS et sur le site sentiweb, apparaît encore plus pertinent et permet de cibler les mesures à mettre en œuvre sur des zones réduites, selon l’avancée des épidémies. En outre, ces analyses régionales offrent un état des lieux des autres pathologies telles que les otites, les rhinopharyngites ou les angines. Le flux RSS permet de simplifier la réception de ces données actualisées.
À l’opposé, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) propose une carte du monde de l’épidémie saisonnière de grippe ainsi qu’une analyse continent par continent.
Plus qu’un moteur de recherche.
Alors que les réseaux sentinelles ou Oscour s’appuient sur les données de terrain et permettent un suivi légèrement décalé par rapport à la réalité, Google cherche à développer un système de surveillance plus rapide, voire prédictif. Partant d’une hypothèse simple selon laquelle le nombre de recherches concernant la grippe s’accroît en période d’épidémie grippale, le géant américain a ainsi introduit un mode de suivi épidémique original basé sur les tendances de recherches (GoogleTrends), qui mérite néanmoins une interprétation prudente.
Un hiver connecté et participatif
Proposé depuis 2012 par le réseau sentinelle, le site Grippenet.fr est un système de surveillance participatif, basé sur un recueil de données directement auprès de la population française. Démonstration supplémentaire de ce qui est possible de faire avec le numérique, l’objectif de ce dispositif est de récupérer les « grippés et pseudo-grippés » ne consultant pas de médecin, ce qui représenterait un nombre non négligeable. L’autre atout est de recueillir des données sur le mode vie des participants, comme par exemple l’utilisation des transports en commun… Ces données permettent ainsi d’affiner les statistiques de la grippe année après année. Concrètement, le suivi est réalisé de façon anonyme. Chaque semaine, les participants sont invités à indiquer les symptômes qu’ils ont déclarés au cours des jours précédents, en se connectant à grippenet.fr.
Toute l’information est sur la toile, et en pharmacie !
Connaître l’avancée de l’épidémie de grippe ou de bronchiolite vise surtout un objectif concret : renforcer les mesures de prévention pour limiter la propagation, et rappeler les gestes à respecter en cas de symptômes. Plusieurs sites d’informations, rigoureux et actualisés, peuvent être conseillés aux clients dont grippe.gouv, proposé par le ministère de la santé, ou les sites de l’assurance-maladie (ameli.fr) et de Vidal (eurekasante.fr). Loin de remplacer le pharmacien, internet et les nombreux sites d’information et de suivi épidémiologique doivent être surtout considérés comme un canal supplémentaire de relation humaine et de promotion du conseil officinal.
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