La part du médicament remboursable (ventes + honoraires) dans l’activité de l’officine tend à se stabiliser à environ 75,40 % pour les pharmacies suivies par Fiducial, et à 73,30 % pour celles clientes du réseau CGP, un constat établi depuis deux années après une période de baisses successives. À titre indicatif, en 2018 la part de l'activité des produits à TVA de 2,1 % était de 75,16 % chez Fiducial, et de 72,72 % chez CGP.
Cette stabilité, voire ce très léger redressement, est sans aucun doute soutenue par la part croissante des médicaments chers. Parallèlement, Joël Lecœur, expert-comptable et président du réseau CGP, observe la perte de vitesse constante de l'activité des produits de TVA 5,5 % et ceux de TVA à 10 % : ils ne composent plus que 14,90 % de l'activité, contre 15,23 %, il y a encore un an (14,25 % contre 14,45 % en 2018 chez Fiducial). Au sein de ces deux catégories de produits, l'expert-comptable relève un transfert entre les produits à TVA de 10 % et ceux de TVA à 5,5 %. « Ceux-ci, bénéficiant de l’intérêt pour le bio et la naturalité, se développent fortement et marquent une croissance de 5 %. À l’inverse, l’OTC connaît une situation plus compliquée et perd 4 %, sans aucun doute parce que les pathologies hivernales n’ont pas été au rendez-vous », analyse-t-il. Bien que moindre, l'érosion de la parapharmacie (TVA à 20 %) se poursuit. Elle ne représentait plus en 2019 que 11,80 % du chiffre d'affaires (10, 35 % chez Fiducial), contre 12,05 % un an auparavant.
L'effet avenant 11
Le médicament remboursable est d’autant plus identifié comme levier de croissance que des honoraires y sont désormais associés. Cette évolution récente n’est sans doute pas étrangère à la progression de la marge brute globale (voir encadré) que Fiducial chiffre en valeur absolue à 6 000 euros et CGP à 7 000 euros. « Cette tendance semble se confirmer, tous les acteurs peuvent le dire, l’avenant 11 a été plutôt profitable à la marge en euros, alors que parallèlement les volumes ont baissé », conclut Joël Lecœur. Il souligne un facteur favorable à la marge, l’influence des médicaments chers (plus de 1 600 euros) dont le chiffre d’affaires augmente de 15 % et se traduit en marge brute supplémentaire. « Soit 92 euros de marge par produit », indique l'expert-comptable.
Reflet de l’évolution du chiffre d’affaires et de la réforme de la rémunération du pharmacien, la marge brute globale progresse de + 1, 22 % pour Fiducial et de + 1,29 % pour CGP. Cependant, ramenée au chiffre d’affaires, cette marge brute globale subit une légère érosion à 30,98 %, contre 31,30 % en 2018, pour Fiducial, et à 31,37 %, contre 31,68 % en 2018, chez CGP.
Sans surprise, les pharmacies des zones rurales, moins concurrencées, bénéficient d’une marge brute supérieure à la moyenne, soit 31,53 % du chiffre d’affaires pour Fiducial, et 31,84 % chez CGP. A contrario, dans les zones urbaines plus exposées à la concurrence, le taux de marge brute sur le chiffre d’affaires atteint 30, 63 % chez Fiducial et 30, 81 % chez CGP. Toutefois ces ratios sont à considérer avec circonspection, car tempère Joël Lecœur « on ne vit pas de pourcentage mais d’euros ! ». « Le pourcentage a pour principal intérêt de pouvoir comparer une pharmacie à une autre », ajoute-t-il.
Mesurer la performance avec l'EBE
Autre élément de comparaison, l’excédent brut d’exploitation (EBE) avant rémunération et cotisations TNS. « Il s’agit de mesurer la performance de l’officine avant les considérants fiscaux et personnels du titulaire, c’est-à-dire sans tenir compte de sa situation personnelle, s’il a ou non remboursé son officine et s’octroie par conséquent une rémunération plus importante », explique l’expert-comptable. Une précision qui a son importance car l’EBE est, dans ces conditions, l’un des critères les plus objectifs. « Nonobstant les études statistiques effectuées par des organismes gouvernementaux et des centres de gestion qui mélangent bénéfice net et EBE », tient à souligner Philippe Becker, qui rappelle le combat des experts-comptables spécialisés dans l’officine pour faire accepter cette définition comptable comme élément de comparaison entre officines. « Ceci d’autant plus, renchérit Joël Lecœur, que l’EBE ne tient pas compte du régime fiscal. »
Cet indicateur a toute son importance puisqu’il va permettre au titulaire de vivre, de rembourser son emprunt et qu’il est également un critère de valorisation de l’officine. Bonne nouvelle pour 2019, il semble se consolider puisqu’il évolue de 4 000 euros, à 232 100 euros pour les officines suivies par Fiducial et à 282 700 euros chez celles clientes de CGP.
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