Comme l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament, l’UDGPO évoque avec satisfaction l’implication de l’officine pendant la crise du Covid-19.
« Avec les infirmières, les pharmaciens ont tenu la baraque et ils étaient un peu seuls », constate Laurent Filoche, son président. Ayant prouvé qu’ils sont des acteurs majeurs de la santé publique, les pharmaciens doivent capitaliser sur cette reconnaissance. Dès lors, selon Laurent Filoche, ils ont toute légitimité à pratiquer les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) antigéniques dans le Covid-19. Une revendication qui a finalement été entendue. « Pour réaliser un dépistage de masse, le test par PCR est inadapté, le test antigénique l’est parfaitement. Or, face à un virus qui circule beaucoup, ces dépistages sont essentiels », explique-t-il.
Mais le combat mené par l’UDGPO ne s’arrête pas là. Au-delà des TROD Covid, sérologiques ou antigéniques, l’association souhaite que tous les TROD, dès lors qu’ils sont autorisés en France, puissent être d’emblée pratiqués en pharmacie. « Actuellement, nous dépendons d’une liste positive de TROD que nous sommes autorisés à réaliser : la grippe, l’angine, le diabète. Il faut que nous passions à une liste négative, c’est-à-dire que tout TROD validé doit pouvoir être pratiqué par les pharmaciens, sauf avis contraire du ministre qui listera les exceptions. »
Par ailleurs, l’UDGPO souhaite lancer une expérimentation dite « BMD » pour « biologie médicale déportée ». « Nous attendons l’autorisation du ministère pour placer des mini-laboratoires PCR, de la taille d’un ordinateur, dans des pharmacies », détaille Laurent Filoche, qui reconnaît que l’idée ne va pas améliorer les relations entre les officinaux et les biologistes. « Mais une fois que la crise sera passée et que chacun aura retrouvé ses esprits, tout le monde verra l’avantage d’avoir ce type de mini-laboratoires en pharmacie. »
Faire bouger les lignes
Seconde bataille : l’UDGPO remonte au front pour que le droit de substitution biosimilaire soit rendu aux pharmaciens. Abrogé par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2020 après trois ans d’existence, ce droit de substitution, assorti d’un ensemble de règles difficiles à mettre en œuvre, n’a jamais pu être réellement mis en pratique puisqu’il nécessitait un décret d’application qui n’a jamais vu le jour. Pourtant, à l’image du générique dont le marché s’est développé à partir du moment où le pharmacien a obtenu le droit de substitution, le marché des biosimilaires, en particulier en ville, aurait bien besoin de l’implication de l’officine. « Ce droit de substitution biosimilaire a été annulé parce que les pharmaciens ne seraient pas capables de comprendre ce qu’est un traitement biologique. Il faut arrêter de nous prendre pour des idiots, le pharmacien est le spécialiste du médicament et la dispensation est son cœur de métier ! », s’insurge Laurent Filoche.
De plus, la substitution biosimilaire permettrait rapidement à l’assurance-maladie des économies de l’ordre de 600 millions d’euros par an. D’où l’incompréhension face à cette décision d’abroger le droit de substitution biosimilaire alors que les représentants de la profession réclamaient au contraire la parution du décret d’application pour le mettre en œuvre. Laurent Filoche n’a pas caché sa déception lors de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021, dans lequel aucun article ne revient sur le sujet. « Au regard des pouvoirs énormes qui ont été conférés aux pharmaciens pendant la crise, des missions dont on n’aurait pas même rêvé six mois plus tôt, c’est le moment de faire bouger les lignes. » Il ne s’avoue pas vaincu et compte sur les amendements déposés au Parlement. Un amendement proposant le rétablissement du droit de substitution biosimilaire du pharmacien a d'ailleurs été déposé le 16 octobre, il sera étudié en séance plénière à l'Assemblée nationale.
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