Selon un sondage Call Médi Call pour « Le Quotidien » réalisé du 2 au 10 juin derniers auprès de plus de 1 000 titulaires, les pharmaciens plébiscitent le rôle tenu par les grossistes-répartiteurs (66 %) et les syndicats (61,5 %) durant la crise, estimant qu’ils ont été à la hauteur et ont pris les bonnes décisions.
Un compliment rendu par Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui juge que les officinaux « ont assuré » au regard des importantes missions qu’on leur a confiées durant cette période, notamment celle de garantir la continuité des soins des personnes âgées et des patients chroniques. Un gage de confiance pour la profession qui, « comme d’habitude, a fait le job, et même plus ». Car, à de très rares exceptions, les pharmacies sont restées ouvertes, ont peu modifié leurs amplitudes horaires et ont en plus développé le portage à domicile pour que les plus fragiles restent confinés. « Et cela sans aucune compensation financière, souligne Gilles Bonnefond. On a travaillé dans des conditions difficiles et le réseau a résisté, en collaboration avec des grossistes-répartiteurs, des laboratoires et des groupements qui se sont investis pour que chacun puisse répondre à cette situation d’urgence avec professionnalisme. » Un professionnalisme qu’il salue « parce que cela me donne encore plus de force syndicale pour défendre le réseau ; les pharmaciens répondent toujours présent ».
Marge confortée
Preuve en est avec le lancement, en juillet dernier, de la dispensation adaptée. « Alors que le mois de juillet a été chaotique, entre les éditeurs de logiciel qui n’étaient pas à jour et l’assurance-maladie qui n’avait pas paramétré tous les cas de figure, nous avons déjà, à fin septembre, 57 % des officines qui font de la dispensation adaptée en codant leurs actes. L’impact en termes d’image est très important vis-à-vis des pouvoirs publics et des autres professionnels de santé », assure Gilles Bonnefond.
La pharmacie a aussi résisté sur le plan économique. Bien que le chiffre d’affaires soit globalement en recul sur les neuf premiers mois de l’année, l’USPO insiste sur l’effet sécuritaire de l’avenant 11. Tableau à l’appui, Gilles Bonnefond montre l’évolution depuis sa mise en application en 2018. Cette année-là, le volume des médicaments remboursables baisse de 1,4 %, tout comme les honoraires pour les ordonnances de 5 lignes et plus, qui chute de 3,2 %. Mais la marge du pharmacien (marge commerciale + honoraires) croît de 2,3 %. En 2019, la baisse des unités est de 0,3 % et celle des ordonnances de 5 lignes et plus de 0,8 %. Là encore, la marge progresse de 2,4 %. Enfin sur la période de janvier à juillet 2020, les chutes sont plus fortes en raison de la crise du Covid-19 : -4 % en volume de médicaments remboursables et -4,2 % pour les honoraires d’ordonnances de 5 lignes et plus. La marge recule cette fois de 0,5 %, une chute compensée, selon Gilles Bonnefond, par la progression des honoraires à l’ordonnance (+0,9 %), des honoraires pour médicament spécifique (+2,3 %) et des honoraires liés à l’âge (+5,5 %). « L’analyse des experts-comptables le confirme, l’avenant n° 11 a consolidé la marge des pharmaciens et a joué son rôle dans cette période de crise. » En outre, une clause de sauvegarde permet de garantir qu’aucune pharmacie ne perde d’argent à cause de cette réforme. Ce sont 25 officines en 2018 et 102 en 2019 qui ont reçu de l’assurance-maladie une compensation des pertes générées par la réforme.
Des négociations après les élections aux URPS
Une réforme qui prend fin au 31 décembre prochain et dont il faut prévoir la suite. « Nous allons faire un bilan des trois années pour pouvoir négocier, bilan qui va englober tout le contexte de l’officine, donc aussi le déremboursement de l’homéopathie, le forfait du 1 euro à la boîte, l’article 66 avec le non substituable… Les négociations vont démarrer après les élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS) en 2021, on ne peut le faire avant qu’il y ait eu une redistribution des cartes au niveau de la représentativité syndicale », précise le président de l’USPO.
En attendant, le dialogue conventionnel se poursuit avec l’assurance-maladie, dans le champ de la prévention et du dépistage, d’une part, sur la coordination interprofessionnelle sur les territoires, d’autre part. Et prochainement, espère Gilles Bonnefond, sur des sujets comme la préparation des doses à administrer (PDA) et la dispensation à domicile.
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