À chaque âge, sa réponse

Nutrition infantile, mode d’emploi

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Publié le 30/06/2020
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Laits préma, lait relais, lait AR, lait HA… entre les acronymes, les noms de marque et les différentes revendications, le pharmacien à fort à faire pour débroussailler la jungle des appellations et guider les parents à choisir le meilleur lait pour leur bébé.

Encore jamais égalé, le lait maternel est l’aliment de choix pour les nourrissons en raison de la richesse et de l'équilibre de sa composition : lactose, oligosaccharides, caséine, protéines du lactosérum, acides gras essentiels, micronutriments, tous bien assimilés.

Le bon développement physiologique est ainsi assuré, ainsi que la protection immunitaire du nourrisson grâce à la transmission des anticorps maternels, sans oublier le renforcement du lien  affectif entre la mère et l’enfant. En l’absence ou en relais de l’allaitement maternel, sont disponibles des laits infantiles, définis comme substituts du lait maternel formulé industriellement et conformément aux normes applicables du Codex Alimentarius. Ils répondent également aux besoins nutritionnels normaux du nourrisson. Se distinguent les laits infantiles 1er âge (de 0 à 6 mois) des préparations de suite (lait 2è âge, de 6 à 12 mois). Leur composition comprend les protéines du lait (caséine et lactosérum), les glucides (dont le lactose), des lipides (acides gras poly-insaturés (acide linoléique et acide alphalinolénique), des acides gras saturés et des acides gras mono-insaturés). Les acides gras poly-insaturés à chaîne longue (ARA et DHA), favorisant le développement normal de la vision et du cerveau chez les nourrissons de moins d’un an, sont incorporés à la formule par l’ajout d’huile de poisson (DHA), d’huile de Mortierella Alpina (ARA) ou l’huile de Crypthecodinium conii (DHA).

Outre les vitamines et minéraux, d’autres molécules sont retrouvées dont la taurine, nécessaire à la transmission neuronale. Les fibres hydrosolubles (FOS, GOS), favorisant le transit et l’équilibre du microbiote intestinal encore immature du nourrisson, peuvent être couplées à des souches de probiotiques, participant à la colonisation du tube digestif et à la stimulation des défenses. 

Quand des petits maux surviennent…

Pour répondre aux troubles alimentaires du nourrisson, les solutions sont nombreuses à l'officine. Les plus fréquents ? Les régurgitations, pouvant être contrôlées selon leur importance et l’inconfort perçu du bébé. Les laits épaissis à base d’amidon sont donnés en premier lieu pour de légères régurgitations. Classés comme aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales, les laits antirégurgitations agissent en évitant la remontée de lait par des épaississants (amidon et/ou caroube) ou en accélérant la vidange gastrique grâce à un taux plus élevé en protéines solubles qu’en caséine. Les parents seront prévenus du risque potentiel de transit accéléré, voire de diarrhées, avec la caroube riche en fibres.

Autre problème récurrent lié à l’immaturité digestive des tout-petits : les coliques, pouvant être soulagées par l’utilisation de laits anti-coliques, contenant moins de lactose et de caséine. Si le bébé est constipé, un lait enrichi en lactose et fibres, ainsi qu’en magnésium et probiotiques, peut lui être donné. À l’inverse, en cas de diarrhées, sera proposé pendant une courte période un lait sans lactose. Indiqué chez les nourrissons de plus de 6 mois, il comprend uniquement des protéines solubles, des sucres facilement assimilables et des vitamines et minéraux en quantité adaptée à l’épisode diarrhéique. Les laits à base de protéines de riz, exempts de protéines de lait de vache, peuvent convenir en cas de diarrhées mais leur indication principale est l’allergie aux protéines de lait de vache.

Côté allergie

Les laits hypoallergéniques, à base de protéines de lait de vache (lactosérum et/ou caséine) partiellement hydrolysées, trouvent leur intérêt dans la prévention des allergies chez les bébés en cas d’antécédent familial d’allergies cutanées, digestives ou respiratoires. Ils peuvent être instaurés dès la naissance ou en relais de l’allaitement maternel jusqu’à la diversification alimentaire.

Pour les allergies avérées aux protéines de lait de vache sont prescrits les hydrolysats de protéines de lait de vache, composés d’hydrolysats de protéines du lactosérum ou d’hydrolysats de caséine, ayant une antigénicité réduite. En aucun cas les boissons végétales doivent être conseillées à la place du lait infantile. Considérées comme des jus, la pauvreté de leur composition ne répond pas aux besoins des nourrissons.

D. Darnis

Source : Le Quotidien du Pharmacien