L'eczéma atopique ou dermatite atopique est la dermatose la plus fréquente chez les enfants : en France, 12 % à 15 % d'entre eux sont touchés par cette maladie inflammatoire qui peut survenir dès les premiers mois de la vie mais disparaît généralement pendant l'enfance, dans la moitié des cas avant l'âge de 5 ans (lire également notre article en page 10).
Elle se traduit par une peau extrêmement sèche et l'apparition de plaques rouges, rugueuses, pouvant être suintantes, souvent localisées au niveau des plis du cou, des coudes, des genoux et aux extrémités. Lourde de répercussions sur la vie quotidienne, l'affection évolue par poussées et occasionne inconfort et démangeaisons parfois intenses. Le traitement, qui repose généralement sur l'administration d'un dermocorticoïde, n'est qu'une partie de la prise en charge de la dermatite atopique. En relais du traitement médicamenteux, quand la peau ne gratte plus, le patient doit appliquer une crème émolliente pour lutter contre l'altération de la barrière épidermique, qui provoque sécheresse et sensibilité cutanées, et limiter les poussées. Dans ce contexte, les étapes que constituent la toilette et l'application du soin revêtent une importance particulière.
« De nombreux parents pensent qu'il est préférable d'espacer la toilette des enfants atopiques », remarque Joëlle Nonni, responsable des ateliers d’éducation à la santé pour Eau Thermale Avène. « Certains médecins le préconise pour éviter d'irriter la peau mais l'hygiène est nécessaire, surtout en été où la transpiration et la poussière s'accumulent sur la peau. »
Des règles à respecter
Baigner l'enfant ou le doucher tous les jours ne pose donc pas de problème si quelques règles propres au soin des peaux atopiques sont respectées : proscrire les formules contenant du savon, qui vont augmenter la sécheresse cutanée et le risque de voir apparaître une poussée, pour privilégier les nettoyants corporels sans savon, de préférence une huile lavante qui aura un pouvoir surgraissant plus important. Le produit de toilette doit être versé et émulsionné dans le creux de la main de façon à produire une mousse qui va se répartir facilement sur la surface corporelle, permettant d'utiliser une quantité moindre et de se rincer plus vite. Certaines huiles lavantes peuvent aussi s'appliquer sur les cheveux qui nécessitent, comme pour le corps, l'emploi d'une formule ou d'un shampoing dermocosmétique ; l'eau chaude est à éviter car elle réactive l'inflammation et accentue la sécheresse de la peau ; les températures modérées, entre 32 C° et 34 C°, n'agressent pas la peau de l'enfant qui supporte parfaitement cette tiédeur ; en revanche, l'eau de nos robinets étant chargée en calcaire et en chlore, il est préférable que la douche ne dure pas plus de 5 minutes et le bain plus de 15 minutes.
Pour sécher la peau mouillée, mieux vaut ne pas frotter sous peine de réactiver le prurit. « On utilise une serviette douce qui n'aura pas été traitée à l'assouplissant – que l'on peut remplacer par du vinaigre blanc - mais séchée au sèche-linge ou repassée ce qui lui confère un certain moelleux ».
Combattre l'envie de se gratter
Une fois la peau séchée, on applique une crème émolliente qui va pénétrer facilement et rapidement l'épiderme devenu plus souple au contact de l'eau. « Parmi les formules hydratantes dermocosmétiques, il faut privilégier les baumes qui disposent de plus grandes propriétés émollientes surtout s'ils intègrent un actif antiprurigineux qui va calmer la démangeaison », poursuit Joëlle Nonni. « C'est un aspect important de la formule quand on sait que 100 % des patients, enfants et adultes, atteints de dermatite atopique se grattent. » Or, le fait de céder à la démangeaison augmente les lésions et le risque de se surinfecter mais alimente aussi l'inflammation qui réenclenche l'envie de se gratter et enferme l'individu dans un phénomène de cercle vicieux.
« L'émollient s'applique délicatement du bout des doigts sur le visage et sans frotter. Quant au corps, il est préférable de verser la crème dans la paume de la main avant de l'étaler en observant de grands mouvements pour couvrir la plus large surface de peau. » Le mauvais geste consiste à frictionner l'épiderme du bout des doigts enduits de crème ce qui échauffe la peau. « Au contraire, c'est un massage doux qu'il faut proposer à l'enfant. Souvent il redoute l'application de la crème " qui pique " au contact de sa peau lésée. Le massage à l'effet relaxant permet de contourner cette appréhension en créant un moment de détente juste avant de se coucher. On peut aussi le pratiquer sous la forme d'un jeu dont on trouve des exemples sur les sites dédiés aux sujets atopiques. »
Si une crise de démangeaison se manifeste, on peut essayer de détourner l'attention de l'enfant en proposant d'appliquer un peu plus de baume émollient ou des compresses imbibées d'eau thermale dont l'action anti-inflammatoire et apaisante sera bienvenue. On peut alors laisser la compresse en place pendant une dizaine de minutes en la pulvérisant régulièrement. D'autres solutions existent pour contrer les envies irrépressibles de se gratter comme l'utilisation d'un packs de gel stocké au froid (pas au congélateur) qui va calmer la zone prurigineuse ou l'application, au travers d'un linge protecteur, d'un sachet de petits pois congelés qui sera dédié à cet usage spécifique et que l'enfant peut décorer. « Les roulettes de massage en métal ou en bois sont également très appréciées des enfants car elles soulagent en procurant une douce sensation. »
À noter qu'une personne atopique peut se gratter pour bien d'autres raisons qu'un prurit. « La fatigue, le stress, l'envie d'exercer une pression sur l'autre peuvent motiver le grattage. Pour contrer ce geste qui peut devenir systématique, il faut proposer au patient de gratter autre chose que sa propre peau : une peluche ou une trousse d'écolier équipée d'un velcro que l'enfant peut gratter serviront d'exutoire. »
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