La révolution des vaccins à ARN
Découvert en 1961, l’ARN messager a énormément fait parler de lui pendant la crise sanitaire du Covid-19 et pour cause. Moins d’un an après l’apparition de ce virus, un vaccin basé sur cet ARN messager voyait le jour et allait être utilisé à l’échelle mondiale ! Une révolution dans le domaine.
Jusqu’alors, les vaccins étaient basés sur l’injection d’un pathogène inactivé ou atténué afin que l’organisme apprenne à le reconnaître et développe des anticorps. L’ARN messager représente une technologie innovante car le principe de base est différent. Pour rappel, l’ARN messager (acide ribonucléique) est une molécule simple brin qui transporte le code génétique de l’ADN depuis le noyau d’une cellule vers les ribosomes afin de synthétiser des protéines. Concernant les vaccins BioNTech-Pfizer et Moderna contre le Covid-19, l’ARN messager injecté (vectorisé par des particules lipidiques afin de franchir la membrane des cellules) contient les informations génétiques pour la fabrication de la protéine Spike, retrouvée à la surface du coronavirus. Les cellules de l’organisme vont donc fabriquer elles-mêmes cette protéine qui, une fois présentée au système immunitaire, permettra la production d’anticorps.
Les vaccins à ARN présentent plusieurs avantages : ils sont rapides à fabriquer et à modifier (pour s’adapter aux nouveaux variants) et ne nécessitent pas la culture de germes potentiellement dangereux. De plus, l’ARN étant un composé très fragile, il est rapidement dégradé après sa transcription et ne présente donc pas de risque sur le long terme. Par contre, cela impose de la conserver à très basse température, une complication qui est loin d’être négligeable sur le plan logistique.
Enfin, l’ARN messager offre également des perspectives dans la prise en charge d’autres maladies infectieuses, de maladies rares et en oncologie.
TROD : un intérêt en matière de santé publique
Les TROD (Tests rapides d’orientation diagnostique) se distinguent des autotests par le fait qu’ils sont réalisés par un professionnel de santé et non par le patient lui-même à domicile. Suite à l’arrêté du 1er août 2016 paru au « JO » le 5 août 2016, trois de ces TROD peuvent être réalisés à l’officine. Il s’agit tout d’abord du test capillaire d’évaluation de la glycémie, qui peut être proposé lors d’une campagne de prévention du diabète. Ensuite, le TROD oropharyngé des angines à streptocoque A présente un réel intérêt dans la lutte contre l’antibiorésistance. En effet, 80 % des angines étant d’origine virale, il évite l’utilisation d’antibiotiques, à tort, en cas de résultat négatif. Enfin, le TROD oropharyngé de la grippe permet une orientation diagnostique en faveur d’une grippe. À noter que lors de la crise sanitaire liée au Covid-19, les pharmaciens ont été exceptionnellement autorisés à réaliser le TROD sur sang capillaire de détection des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2.
La réalisation de ces TROD nécessite l’établissement de procédures qualité, que ce soit pour encadrer l’acte technique mais aussi l’information du patient et la transmission des résultats. De plus, ils doivent être réalisés dans des locaux adaptés (espace de confidentialité sans accès possibles aux médicaments, disposant d’un point d’eau et de tout le matériel requis pour la réalisation du test). Il convient également de rappeler au patient qu’ils donnent une orientation diagnostique mais ne remplace en aucun cas un diagnostic réalisé suite à une analyse biologique. Enfin, le résultat des TROD doit être communiqué par le pharmacien, avec le consentement du patient, à son médecin traitant.
Une grande avancée dans le dépistage des cancers
Les résultats de l’étude Pathfinder, menée par des oncologues du Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York, ont été dévoilés le 11 septembre dernier au congrès de la Société européenne d’oncologie médicale à Paris. Et ils sont extrêmement prometteurs ! Il s’agit d’un test sanguin de détection précoce multi-cancers (jusqu’à 50) dont le principe est simple : rechercher la présence d’ADN tumoral circulant lors d’une simple prise de sang chez des patients ne présentant aucun symptôme de la maladie.
Rappelons que la présence d’ADN circulant dans le sang est normale. Elle fait suite au processus de dégradation cellulaire, que ce soit des cellules saines ou des cellules tumorales. Or de nombreux cancers sont liés à la présence d’oncogènes (ou gènes mutés). En présence d’une tumeur, de l’ADN tumoral circulant (présentant ces altérations génétiques) peut donc être retrouvé dans le sang.
Cette étude a été menée chez 6 621 personnes âgées de plus de 50 ans et ne présentant aucun signe clinique de cancer. 92 patients (soit 1,4 %) ont eu un résultat positif, et le diagnostic de tumeur a ensuite été confirmé dans 38 % des cas. Pour ceux ayant eu un résultat négatif, celui-ci a été confirmé dans 99,1 % des cas. Reste maintenant à étudier non seulement les faux positifs mais aussi l’incidence de ce test sur la morbidité et la mortalité ainsi que la place de ce test par rapport aux dépistages habituels (qui ne doivent bien entendu pas être arrêtés). On peut espérer que ce dépistage ultra-précoce permettra de révolutionner le pronostic de cancers évoluant à bas bruit et malheureusement souvent dépistés seulement lorsqu’ils deviennent métastatiques comme celui des ovaires ou du pancréas.
Enfin, il faut aussi penser au fait que cette détection précoce aura pour conséquence de nécessiter davantage de ressources en termes de professionnels de santé et d’infrastructures médicales.
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