LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quels sont les objectifs des missions menées par votre association « Aromathérapie sans frontière Madagascar » ?
PIERRE FRANCHOMME.- Notre objectif principal est d’aider sur le plan sanitaire les populations défavorisées par l’utilisation des remèdes traditionnels améliorés à base de plantes et en particulier d’huiles essentielles. Nous souhaitons également convaincre et aider les pouvoirs publics, en l’occurrence le ministère de la santé malgache, à légaliser la pratique de l’aromathérapie par les médecins et les tradipraticiens. Pour ce faire, nous assurons la formation scientifique à l’aromathérapie de ces professionnels. De façon générale, nous avons également à cœur d’ouvrir, à terme, des « centres de médecine naturelle » à faible coût pour les malades, voire gratuit pour les enfants les plus pauvres. Autre objectif d’« Aromathérapie sans frontière Madagascar », créer un laboratoire pharmaceutique de remèdes traditionnels améliorés à base d’huiles essentielles et d’extraits de plantes exclusivement locales et, au-delà, faire connaître ces plantes en Europe pour favoriser la filière plantes aromatiques de Madagascar et contribuer ainsi au développement du pays. Enfin, nous essayons de collaborer avec les instituts de recherche malgaches qui, le plus souvent, manquent de moyens financiers.
Pouvez-vous nous résumer en quelques mots l’origine et les grandes lignes de la mission en cours à Madagascar ?
Cette mission est parrainée par « Les médecins aux pieds nus » qui assure une partie de son financement. Les représentants des deux associations Grandira et Cœur de Forêt, respectivement investies dans le social et l’agriculture, m’ont proposé de participer à leur projet d’Antsirabe (Madagascar) dans le but d’y ajouter un pôle santé. Notamment parce que je connais cette île depuis très longtemps pour avoir participé au 1er Congrès de phytomédecine à Tananarive organisé par le regretté Pr Ratsimanranga. Concernant le contenu de cette mission, j’ai déjà animé un atelier de formation sur l’aromathérapie à Tananarive, mais le reste de la mission se passe essentiellement à Antsirabe. Nous avons pour objectif d’y ouvrir un centre de médecines naturelles qui a vocation à devenir un centre de référence. Le bâtiment, en cours de construction, se trouve sur le site d’un groupe scolaire primaire. Ce centre abritera deux médecins, deux infirmières, des aides soignantes et une secrétaire. Quelques médecins français viendront de temps à autre renforcer l’équipe, mais la totalité de l’équipe soignante restera malgache. En outre, un local dédié à la stomatologie est également prévu. Les travaux se dérouleront cet été pour une ouverture du dispensaire fin septembre, au moment de la rentrée scolaire des enfants. Mais avant même son ouverture, nous avons déjà débuté les visites médicales des 2 000 élèves à l’issue desquelles nous leur établissons un carnet de santé. À terme, le ministère de la santé nous a demandé de prendre en charge 2 000 enfants supplémentaires de l’arrondissement. À proximité du centre de santé, nous avons loué des locaux pour ouvrir le laboratoire pharmaceutique.
Ce laboratoire sera-t-il lui aussi tenu par des pharmaciens malgaches ?
Le problème, c’est qu’il est très difficile de trouver un pharmacien malgache disponible. Les promotions locales sont bien souvent totalement absorbées par les hôpitaux. Donc nous avons décidé de faire venir, dans un premier temps, un pharmacien français dont la mission durera au moins six mois. Pour revenir sur le projet de laboratoire, les budgets sont déjà bouclés.
Quelle sera la vocation de ce laboratoire ?
Dès qu’il sera opérationnel nous pourrons distribuer les médicaments qui y seront produits aux médecins et aux pharmacies locales. Ils seront ensuite délivrés gratuitement aux enfants, et pour les autres, avec une marge très faible qui permettra juste d’autofinancer le dispensaire. Au début, l’activité de notre dispensaire visera à couvrir les besoins sanitaires de la région, puis, à terme, d’autres régions plus au sud, totalement déshéritées.
Comment parvenez-vous à concilier savoir local et ressources locales sans trahir les principes de la médecine moderne au service des populations ?
Tout cela se combine extrêmement bien. Je connais très bien les plantes malgaches pour les avoir longuement étudiées, tant sur le plan chimique que pharmacologique. Permettez-moi de rappeler au passage que j’ai dirigé un laboratoire de pharmacologie durant une quinzaine d’années. Parce que j’ai notamment mené de nombreuses études sur la toxicité des espèces et leurs propriétés anti-inflammatoires, le gouvernement malgache m’a demandé de participer, d’une part, à leur pharmacopée aromatique et d’autre part, au formulaire national d’aromathérapie. Notre démarche consiste à observer les plantes en considérant ce pour quoi les tradipraticiens les utilisaient. Puis nous les étudions sur un plan pharmacologique pour vérifier ou compléter les informations que nous avons déjà. Il faut savoir que des publications existent qui permettent déjà de comprendre les usages traditionnels.
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