EN 1941, le diplôme d'herboriste a disparu. Cette activité a été confiée au pharmacien. Aujourd'hui, l'officinal est l'héritier direct de l'herboriste ; il est le seul à être autorisé à vendre des plantes à des fins médicales, à condition de pratiquer cette activité dans une officine de pharmacie. Autrement dit, un pharmacien diplômé ne peut pas choisir de privilégier ses compétences d'herboriste dans un commerce spécifique.
Entre thérapeutique, alimentaire et cosmétique
La difficulté avec les plantes, c'est leur polyvalence. Une même plante peut être un aliment, entrer dans la composition d'un produit cosmétique et présenter des propriétés thérapeutiques. D'où la complexité de la réglementation concernant leur vente pour la sécurité des utilisateurs. Évidemment, il ne serait pas envisageable de réserver la vente de la chicorée aux seuls pharmaciens ! C'est pourquoi, sur l'ensemble des plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée, 148 peuvent être vendues hors pharmacie. Cette liste a été publiée par décret en 2008. Dans la Pharmacopée, les plantes médicinales ont été réparties en deux listes, A et B (sur le site de l'ANSM). La liste A comporte des « plantes médicinales utilisées traditionnellement », soit 365 plantes à ce jour. La liste B ne contient qu'une centaine de plantes « utilisées traditionnellement en l'état ou sous forme de préparation dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique ». Un contrôle et une actualisation sont assurés par le Comité français de la Pharmacopée au sein de l'ANSM. En outre, l'Agence française du médicament a élaboré en 2013 un texte encadrant les mélanges de plantes pour tisanes, dont la réalisation est autorisée par les pharmaciens en tant que préparation officinale. Une liste de plantes et des combinaisons possibles est associée à cette monographie qui constitue un référentiel pour l'exercice officinal.
L'herboristerie survit à travers la pharmacie
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le médicament de synthèse a progressivement supplanté les plantes médicinales dans les officines, reléguant celles-ci en arrière-boutique. Les progrès industriels, les découvertes pharmaceutiques, l'évolution de la société ont modifié peu à peu l'exercice médical et officinal. Ce phénomène a donné une impression d'abandon de l'herboristerie par les pharmaciens, relançant la question d'un rétablissement du diplôme d'herboriste. À y regarder de plus près, l'affinité entre la pharmacie et le monde végétal est toujours aussi évidente. Elle a même tendance à se renforcer depuis quelques années, sous l'impulsion de pharmaciens et de médecins passionnés. Racines, sommités fleuries, feuilles ou baies, la médecine par les plantes n'appartient pas au passé mais bien au présent. Dès ses premières années d'études, le futur pharmacien se fidélise au monde végétal, à travers les enseignements de botanique et de biologie végétale. La pharmacognosie lui permet ensuite d'appréhender ce lien étroit entre plante et application thérapeutique, mais également entre plante et toxicité.
Les bénéfices sans les risques
Qu'il s'agisse de compléments alimentaires, de médicaments ou de préparations officinales à base de plantes, la phytothérapie tire un bénéfice certain du cadre sécurisé de l'exercice officinal. Une qualité de produit tout d'abord, avec des procédés de culture et d'identification standardisés. Le circuit d'approvisionnement étanche permet d'éloigner les falsifications ou le risque d'intoxication observés dans d'autres circuits, internet en tête. Le pharmacien dispose surtout des connaissances et des outils nécessaires pour détecter ou prévenir des interactions ou des contre-indications. Car si la plante soigne, elle peut aussi tuer. C'est une question de dose, mais aussi de bon usage. L'association plantes et médicament de synthèse mérite d'être maîtrisée. Le meilleur exemple est le millepertuis, utilisé en extrait sec en cas de dépression. Du fait de ses propriétés d'inducteur cytochromique, le millepertuis pris concomitamment avec un certain nombre de médicaments peut entraîner une baisse des concentrations plasmatiques et une diminution de l'efficacité thérapeutique. Les patients sous antiviraux anti-VIH ou sous AVK, ou les femmes prenant un contraceptif hormonal ne doivent pas prendre de millepertuis. La vente de plantes médicinales reste finalement une opportunité pour la profession pharmaceutique et surtout une chance pour les consommateurs.
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